L’Oriental, fer de lance de la coopération franco-marocaine

 L’Oriental, fer de lance de la coopération franco-marocaine

Le roi du Maroc Mohammed VI (R) et le président français Emmanuel Macron signent des documents lors de leur rencontre au palais royal de la capitale Rabat, le 28 octobre 2024. (Photo : Ludovic MARIN / POOL / AFP)

Le rapprochement stratégique entre la France et le Maroc dans le secteur portuaire s’est surtout matérialisé par un investissement de 3 milliards d’euros sur le terminal à conteneurs « EST » du port Nador West Med. Ce projet ciblé incarne le renforcement de leur coopération, symbolisant la transformation de la région de l’Oriental en une plateforme logistique et industrielle de premier plan et, par extension, la positionnant comme un carrefour méditerranéen d’envergure internationale.

 

L’évolution des paradigmes de la coopération internationale marque un nouveau chapitre dans les relations franco-marocaines. La récente visite d’État du président Emmanuel Macron à Rabat, du 28 au 30 octobre dernier, a scellé un tournant majeur dans les relations bilatérales, inaugurant un partenariat multidimensionnel. Cette séquence diplomatique majeure, jalonnée d’accords structurants, inaugure un partenariat multidimensionnel où l’innovation, la durabilité et l’inclusion territoriale constituent les piliers d’une coopération renforcée.

Dans ce contexte, l’Oriental se révèle comme un territoire aux potentialités exceptionnelles, véritable laboratoire d’une synergie réussie entre expertise internationale et dynamiques locales. La multiplication des investissements publics-privés, associée à des projets ambitieux, fait de cette région un terreau particulièrement fertile pour l’épanouissement de la coopération bilatérale.

Nador West Med : un carrefour maritime d’envergure méditerranéenne

Le rapprochement franco-marocain atteint son apogée dans le secteur portuaire avec un protocole d’accord historique. Cette collaboration stratégique, articulée autour du nouveau terminal à conteneurs « EST » au mégaprojet Nador West Med, se concrétise par l’aménagement de cette plateforme de transbordement, dont la gestion a été confiée à Marsa Maroc en juillet 2024. L’ampleur de l’investissement, chiffré à 3 milliards d’euros, reflète la volonté commune des deux pays de hisser cette infrastructure au rang de hub commercial majeur en Méditerranée occidentale.

L’Oriental, région d’accueil de cette initiative capitale, conforte ainsi son statut de carrefour maritime international. Le choix de Nador West Med comme pivot de cette coopération franco-marocaine s’inscrit dans une perspective intégrée de développement territorial. Cette infrastructure portuaire de nouvelle génération est appelée à jouer un rôle moteur dans la transformation économique de la région, générant des emplois qualifiés et la constitution d’un écosystème logistique et industriel dynamique.

La dimension structurante de ce projet se manifeste également à travers son intégration dans un maillage d’infrastructures de transport en pleine modernisation. Le futur axe autoroutier Guercif-Nador, s’étendant sur 104 kilomètres, viendra renforcer l’accessibilité du complexe portuaire, consolidant ainsi son rôle de plateforme logistique multimodale. Cette connectivité renforcée positionnera l’Oriental comme épicentre logistique majeur, capable de générer des synergies économiques bien au-delà de ses frontières régionales, irriguant notamment les territoires de Fès-Meknès et de Drâa-Tafilalet.

L’Oriental comme écosystème territorial intégré au service des investisseurs

L’ambition du partenariat franco-marocain se matérialise avec force dans le développement territorial, à travers un protocole d’accord de 3 milliards de dirhams. Cette enveloppe, conjuguée à la création d’un accélérateur d’investissements bilatéral et d’une joint-venture dédiée aux infrastructures durables – dotée de 300 millions d’euros – ouvre des perspectives prometteuses pour l’Oriental.

La région, forte de ses 2,3 millions d’habitants, dispose d’atouts majeurs pour capter ces opportunités d’investissement. Son offre territoriale s’articule autour de projets déjà opérationnels ou en développement. La Technopole d’Oujda, le parc industriel de Selouane et le méga-projet Nador West Med constituent les piliers d’un écosystème industriel et logistique intégré à forte valeur ajoutée.

Cette dynamique territoriale est activement soutenue par le Centre Régional d’Investissement de l’Oriental, qui œuvre à la simplification des procédures administratives et à l’accompagnement personnalisé des investisseurs. Cette approche proactive dans la facilitation des investissements s’inscrit parfaitement dans l’esprit du nouveau partenariat franco-marocain, faisant de l’Oriental une destination privilégiée pour les futurs projets d’investissement.

L’Oriental, nouveau pôle d’excellence aéronautique

Dans le volet industriel, la signature du protocole d’accord entre le gouvernement marocain et le groupe français SAFRAN marque une avancée significative dans le développement de l’industrie aéronautique nationale. Cet investissement, chiffré à 130 millions d’euros, prévoit la construction et l’équipement d’un atelier de maintenance et de réparation de moteurs d’avions « LEAP », témoignant de la confiance d’un leader mondial de l’aéronautique dans les capacités industrielles du Royaume.

Cette dynamique trouve un écho particulièrement favorable dans la région de l’Oriental, qui a déjà posé les jalons d’un écosystème aéronautique prometteur. La Technopole d’Oujda, pierre angulaire du Plan MED-EST – déclinaison territoriale de la stratégie industrielle nationale – offre un cadre propice à l’accueil de tels projets à haute valeur ajoutée. Son offre territoriale combine une zone d’accélération industrielle, des espaces dédiés aux PME/PMI, un pôle Offshoring et services, ainsi qu’un Campus du savoir, répondant ainsi aux standards internationaux.

La pertinence de ce positionnement est d’autant plus manifeste avec la prospection, en 2021, par l’Office National des Aéroports de plusieurs projets de création d’un centre de stockage, de déconstruction et de recyclage d’avions désaffectés à proximité de l’aéroport d’Oujda-Angad.

En complément des développements aéronautiques, la signature de l’accord sur le développement de la filière hydrogène vert révèle les perspectives industrielles prometteuses de l’Oriental, territoire d’innovation énergétique incarné par l’Institut de formation aux métiers des énergies renouvelables implanté à Oujda en octobre 2024.

Ainsi, la région se distingue par des conditions d’ensoleillement remarquables et un potentiel éolien exceptionnel, favorisant le développement de projets énergétiques innovants. Cette dynamique territoriale se concrétise notamment par trois projets solaires « Noor » implantés à Beni Mathar, Bouanane et Guercif, l’apport de la centrale d’énergie éolienne « Maroc Nador », outre la valorisation stratégique du gazoduc Maroc-Espagne, qui trouve son point d’orgue dans la centrale thermo-solaire d’Ain Béni Mathar, infrastructure clé servant de plateforme d’exportation énergétique.

L’Oriental : une région pionnière de la transition énergétique

La transition énergétique s’inscrit à son tour comme un axe central du partenariat franco-marocain, concrétisé par un accord-cadre structurant entre les deux pays. L’Oriental, déjà engagé dans cette transformation verte, se distingue comme un territoire d’application exemplaire d’une telle coopération, porté par des initiatives multiples qui dénotent sa maturité dans ce domaine.

En mars 2023, la ville d’Oujda a accueilli la signature d’une convention de partenariat d’envergure, mobilisant 400 millions de dirhams. Scellée entre la ministre de la Transition énergétique et les acteurs régionaux, elle tend principalement à optimiser la consommation énergétique des collectivités territoriales, avec un objectif de réduction de leur facture électrique de 30 à 40 %. Cette dynamique s’est enrichie en avril 2024 avec le lancement d’un projet pilote novateur, issu d’un partenariat entre le département de la Transition énergétique et la Coopération allemande GIZ, visant à réduire l’empreinte carbone de la région.

Innovation agricole et gestion durable de l’eau

L’alliance bilatérale a également focalisé ses actions sur les secteurs agricole et hydrique. Un nouveau programme d’appui à la Stratégie Nationale de l’Eau verra le jour, soutenu par l’Agence Française de Développement à hauteur de 100 millions d’euros. En parallèle, un accord-cadre agricole et forestier renforcera la collaboration entre les deux pays pour développer des pratiques plus résilientes.

L’Oriental traduit ces engagements en actions concrètes. En avril 2024, le Conseil régional a annoncé la mobilisation d’un investissement de 106 millions de dirhams pour la construction de huit stations de dessalement d’eaux saumâtres, réparties entre les provinces de Driouch, Figuig, Guercif, Jerada et Nador. Dans cette dernière ville sera implantée la deuxième plus grande station de dessalement du pays, dotée d’une capacité de 250 millions de mètres cubes, après celle de Casablanca qui atteint 300 millions de mètres cubes.

Sur le plan agricole, le projet PADERMO à Guercif, lancé par le ministre de l’Agriculture en septembre 2024, témoigne de cette transformation, en introduisant la culture du safran et du cactus, des filières adaptées aux conditions climatiques locales.

Smart Oriental : la révolution numérique en marche

Dans le prolongement de cette volonté partagée de rapprochement, la coopération entre Rabat et Paris a également inclus le domaine de la transformation numérique. Les échanges se sont cristallisés autour de projets d’envergure, notamment le déploiement extensif de la fibre optique et l’avènement de la technologie 5G, préfigurant une nouvelle ère de connectivité au Maroc.

Dans ce sillage, l’Oriental manifeste une agilité émergente dans cette transition digitale. La ville de Berkane en est l’illustration éclatante : sa double distinction aux prestigieux concours IEEE Smart Cities et Seoul Smart City Prize en 2023 confirme sa maestria en matière d’innovation urbaine intelligente.

Cette métamorphose numérique s’incarne également dans des initiatives structurantes à l’échelle régionale. La création d’Oriental Connect, plateforme digitale destinée à la diaspora marocaine, conjuguée au lancement de la « Zone01 Oujda », se consacrant à la formation de talents du numérique, établit les bases d’un environnement digital florissant.

Cette dynamique numérique se booste avec l’implantation d’une école de programmation à Oujda, d’un centre d’incubation de start-ups à Berkane, et plus récemment, le lancement de la plateforme de services numériques Tessi. Cette dernière s’inscrit dans un écosystème technologique déjà dynamique, aux côtés d’opérateurs français tels que Secure IC et ADM Value, et promet de générer 300 emplois qualifiés à Oujda.

De Nador à Figuig, l’Oriental déploie méthodiquement les fondations d’un territoire d’excellence. La région évolue sans cesse pour devenir un pôle multidimensionnel où convergent infrastructures portuaires de classe mondiale, industries de pointe, agriculture résiliente et innovations numériques.

Cette transformation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’une vision stratégique qui fait de l’Oriental non plus une simple porte d’entrée, mais un véritable catalyseur de développement. À l’aube de cette nouvelle ère franco-marocaine, l’Oriental se dévoile comme un territoire qui ne se contente plus de suivre le changement, mais qui l’incarne.