Même diplômée, la deuxième génération d’immigrés se sent discriminée
Selon une étude de l’Insee, les descendants d’immigrés « déclarent autant de discriminations » que les immigrés, voire plus lorsqu’ils viennent d’Asie ou d’Afrique.
Une situation qui persiste même lorsque les personnes sont plus diplômées ou ont un meilleur niveau social. Selon l’enquête « France Portrait social. Edition 2024 », un immigré sur quatre déclare avoir connu, souvent ou parfois, des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années.
Et la punition est la même pour les descendants d’immigrés. Pire, « le sentiment de discrimination augmente d’une génération à l’autre pour les personnes d’origine non-européenne » alors qu’il recule chez ceux originaires d’Europe, pointe l’étude.
Ainsi, « les descendants d’immigrés d’origine asiatique et africaine déclarent plus souvent avoir connu des discriminations que la première génération (34% contre 26%) ».
« Paradoxe de l’intégration »
Pourtant, la situation socio-professionnelle des descendants est bien meilleure que celle des immigrés, pour toutes les origines, relève l’étude. C’est ce que les auteurs de l’étude nomment le « paradoxe de l’intégration », c’est-à-dire une « augmentation des discriminations malgré une amélioration de la situation sociale ».
Cela s’explique par le fait que les descendants d’immigrés disposent d’une meilleure sensibilisation et évoluent dans un environnement social et professionnel dans lequel ils se retrouvent avec des Français qui n’ont pas d’ascendants immigrés. Ils y font alors l’expérience du fameux « plafond de verre ».
Déni de leur identité française
Autre enseignement de cette étude de l’Insee : le premier critère de discrimination reste l’origine « géographique » suivie de la religion. Ceux qui ont des origines maghrébines ou plus largement africaines ont respectivement un risque multiplié par « 2,1 et 2,9 » de ressentir une discrimination par rapport à ceux dont la famille vient d’Europe.
Et les personnes de confession musulmane « ont un risque multiplié par 1,4 » de déclarer des discriminations par rapport à une personne athée.
S’ajoute le sentiment de déni de leur identité française: 29% des descendants d’immigrés non-européens estiment qu’on ne les « voit pas comme des Français », contre 8% des descendants d’immigrés européens.