Plus de 1 300 médecins ont quitté la Tunisie en 2024

 Plus de 1 300 médecins ont quitté la Tunisie en 2024

L’année n’est pas encore terminée qu’un record de départs a été enregistré dans les rangs des médecins qui quittent le pays par centaines vers des contrées qu’ils estiment plus décentes au regard de leurs qualifications et attentes professionnelles. Des données d’exode massif confirmées aujourd’hui par le secrétaire général de l’Ordre des médecins de Tunisie, Nizar Ladhari.

 

Ce dernier a en effet réitéré jeudi 14 novembre que la situation du secteur de la santé est critique. Le responsable a ainsi considéré que la principale raison derrière cela est d’abord « la dégradation de l’infrastructure et le manque de moyens, notamment des ressources humaines en raison de la fuite des cerveaux », spécialement vers des pays européens dont la France et l’Allemagne où les médecins tunisiens sont généralement appréciés.

 

Mise en cause de l’infrastructure

D’un point de vue strictement démographique, Nizar Ladhari a indiqué que le nombre de citoyens augmentait, mais que le nombre d’hôpitaux était resté le même et qu’il n’y a pas eu de recrutement au niveau du ministère de la Santé depuis 2019. Il a assuré que les conditions de travail au sein des hôpitaux et les agressions répétées poussaient les médecins à s’orienter vers le secteur privé ou à immigrer à l’étranger.

D’après Ladhari, plus de 1.300 médecins ont quitté la Tunisie en 2024, sachant que près de 4.000 médecins ont quitté le pays durant la période 2020-2023, « un rythme alarmant qui aurait dû alerter les autorités publiques et sanitaires ». la même source a par ailleurs indiqué que près de 80% de ce chiffre représentait des jeunes médecins, les plus tentés de tenter leurs chances alternatives sous d’autres cieux.

Il a mis en garde contre l’explosion de ce phénomène « qui pourrait conduire à un manque considérable de médecins en Tunisie », et par conséquent à empêcher les citoyens d’accéder aux services médicaux des plus généraux au plus spécifiques. Le secrétaire général de l’Ordre des médecins de Tunisie a expliqué que les médecins « ne bénéficiaient d’aucune incitation ou exonération lors de l’ouverture de leur cabinet, contrairement aux entrepreneurs et propriétaires de projet dans d’autres secteurs ». Autre motivation de taille, un médecin reçoit à l’étranger un salaire équivalent à quatre ou cinq fois son salaire en Tunisie…

Il a également expliqué que la crise au sein des hôpitaux n’était pas uniquement le fruit d’une mauvaise gestion, mais surtout d’une absence de ressources budgétaires. Ladhari cite à cet égard l’exemple des sommes dues par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) qui ont atteint des centaines de millions de dinars, étant déficitaires depuis de longues années.

L’an dernier, divers syndicats des médecins avaient déjà lancé un cri d’alarme pour alerter contre les conséquences de ce fléau sociétal peu médiatisé. 1325 médecins avaient quitté la Tunisie rien qu’au cours de l’année 2023, avait fait savoir le président du Syndicat tunisien des médecins de libre pratique, Khemaies Zayed. D’autres sources syndicales avaient présenté des chiffres similaires, indiquant que jusqu’à 1.600 médecins ont décidé de quitter la Tunisie seulement durant l’année écoulée, soit plus que le nombre de praticiens que le pays forme chaque année.

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