Grands Projets au Maroc : En Attendant les PPP
Usines de dessalement, LGV, projets routiers, stades, les grands chantiers ne manquent pas, et les patrons des grandes entreprises sont sur les charbons ardents : ils ont les yeux rivés sur le gouvernement Akhannouch II et les décisions qui doivent être prises pour accélérer le démarrage effectif de ces grands projets récemment lancés dans le royaume.
Au cabinet d’Akhannouch, Karim Zidane travaille d’arrache-pied pour mettre à profit ses compétences et son expertise afin de faire avancer les promesses d’investissements conclues, aussi bien avec des opérateurs étrangers que des champions nationaux.
Une promotion de l’investissement qui passe avant tout par des décrets, des procédures administratives qui facilitent la concrétisation de projets pharaoniques, dépassant de loin les capacités financières des sociétés, voire même des banques nationales.
À titre d’exemple, la station de dessalement, fruit d’une signature entre le Maroc et le géant français de la gestion de l’eau Veolia le 30 octobre dernier, promet, à terme, de couvrir une grande part des besoins de la population et du monde agricole en eau alternative dans la région de Rabat.
On ne sait pas encore à combien s’élève le contrat, mais il faut savoir que l’usine permettrait d’approvisionner les régions de Rabat-Salé-Kenitra et de Fès-Meknès. Fruit d’un partenariat public-privé, elle comprendra la construction, le financement et l’exploitation de l’usine par le groupe français durant 35 ans.
L’usine devrait produire 822 000 m³ d’eau potable par jour, soit 300 millions de m³ par an. Même si les coûts restent variables selon les configurations, le prix d’une usine de dessalement peut aller de plusieurs millions de DHS à quelques milliards de DHS.
À titre d’exemple, la construction de l’usine de dessalement de Barcelone, d’une capacité de 200 000 m³/jour, a coûté 159 millions d’euros.
Au moment où l’État ne dispose plus d’assez de ressources pour financer ses investissements, il est contraint de chercher un moyen pour optimiser et rationaliser ses choix d’investissement.
L’une des solutions les plus adaptées reste la signature d’un contrat de partenariat public-privé (PPP).
Régulièrement mobilisés par les plus hautes autorités publiques pour réaliser des ouvrages ou équipements liés à l’intérêt général, ces projets d’ampleur ne peuvent être menés à bien que grâce à des partenariats public-privé (PPP).
Ce sont des contrats conclus généralement pour une durée relativement longue, fréquemment entre 15 et 25 ans, qui prévoient un paiement différé, sous forme de loyers versés par les pouvoirs publics sur une durée définie par le contrat, en lien avec des critères de performance fixés contractuellement.
Cette rémunération est complétée par une partie des recettes de valorisation perçues auprès des clients utilisant l’infrastructure ou générées par le service rendu, comme par exemple l’eau fournie aux consommateurs.
Le Partenariat public-privé donne ainsi la possibilité aux organismes publics de lancer des projets conséquents sans avoir nécessairement d’importantes capacités d’emprunt, grâce au recours au financement privé.
Un petit bémol cependant : si le marché des PPP est florissant aujourd’hui, cette dynamique est néanmoins très lourde en raison de la complexité des étapes, de l’obtention de la validation par l’autorité publique compétente (par exemple les ministres chargés du budget et de l’économie dans le cas de marchés passés par l’État), à la rémunération du partenaire privé, notamment les ratios coûts/recettes prévus, la répartition des risques commerciaux, juridiques, politiques du projet, etc.
Il faut néanmoins reconnaître au gouvernement le bénéfice d’une panoplie de mesures prometteuses et efficaces, essentielles pour le développement économique du Maroc, conformément aux orientations du roi Mohammed VI en faveur de la promotion de l’investissement et de la création de richesses.
Citons à cet égard la mise en œuvre du décret n°2-12-349 (2020) dont l’article 155 procède à l’extension du champ d’application des structures concernées par la préférence nationale, rendant obligatoire l’application de la préférence nationale à toutes les procédures de passation de marchés publics.
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