Deux femmes jugées aux assises pour avoir poignardé des femmes voilées

 Deux femmes jugées aux assises pour avoir poignardé des femmes voilées

Photo : Ludovic MARIN / AFP

C’était en octobre 2020 près de la Tour Eiffel. Elles comparaîtront devant la cour d’Assises pour avoir voulu tuer pour des motifs racistes des femmes voilées.

 

Elles encourent la réclusion criminelle à perpétuité après leur renvoi aux assises par une juge d’instruction parisienne. Les faits remontent au dimanche 18 octobre 2020, à deux pas de la Tour Eiffel.

Deux femmes de 23 et 22 ans boivent des bières sur le Champ de Mars. Elles laissent leurs chiens se promener sans laisse. Les animaux s’approchent d’une aire de jeux, où se trouvent cinq femmes avec leurs enfants. Certaines de ces femmes sont voilées.

Très vite, le climat dégénère. Des insultes et menaces fusent : « sales arabes » ; « Vous n’êtes pas chez vous ici ». L’une des deux femmes propriétaires des chiens sort un couteau et assène des coups. Les deux femmes s’arrêtent grâce à l’intervention de vendeurs à la sauvette.

 

Stress post-traumatique

Sur les réseaux sociaux, les vidéos de l’agression deviennent virales et suscitent de nombreux commentaires. Les deux femmes qui ont porté les coups sont mises en examen pour violences volontaires à caractère raciste.

L’avocat des victimes demande la requalification des faits en « tentative de meurtre à raison de l’appartenance de la victime à une race ou à une religion ». 

Les expertises ont établi un stress post-traumatique élevé chez les deux victimes, hospitalisées à plusieurs reprises après avoir reçu chacune plusieurs coups de couteau.

A l’été 2021, les juges d’instruction accèdent à la demande de requalification des parties civiles.

 

Caractère raciste retenu

Pour la juge d’instruction, « la légitime défense alléguée par les mises en examen ne peut être retenue alors que les victimes ne sont pas armées et que l’utilisation d’un couteau dangereux et tranchant à plusieurs reprises sur des zones vitales contre des projections de gaz lacrymogène » qui auraient été utilisées en défense par la famille, « ne peut caractériser en rien une défense légitime ». 

La juge retient le caractère raciste des propos au vu des « déclarations constantes et circonstanciées des victimes, des témoins », mais aussi d’un parent de l’une des mises en cause.

Pour l’avocat des victimes, l’audience aux assises « sera aussi l’occasion de parler de certains médias et politiques qui propagent ces haines ».

 

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