Gaza. Merci Netanyahou

 Gaza. Merci Netanyahou

Manifestation pro-palestinienne à New York, le 5 octobre 2024. (Photo par Leonardo Munoz / AFP)

Oui merci à Netanyahou d’avoir fait un travail remarquable, dans la précision quasi chirurgicale des frappes des avions F35 offerts gracieusement par Joe Biden, qui non seulement font preuve d’une violence inouïe mais qui s’appliquent à viser essentiellement les enfants, les femmes, les vieillards et les malades de Gaza, des frappes qui s’accroissent de tous côtés.

 

Merci de son intention déclarée d’explorer de « nouvelles voies » pour faire le plus de victimes dans la bande de Gaza, merci de profiter de la complicité de médias occidentaux faisant mine de s’intéresser aux mouvements des troupes de Tsahal au sol vers le « front nord », au Liban, alors que depuis l’assassinat du chef du Hamas Yahia Sinouar, les opérations dans l’enclave se poursuivent sous la forme de frappes aériennes d’une rare violence.

Merci pour ces semaines de manœuvres au sol incluant le siège du camp de Jabaliya, un blocus qui ajoute des morts aux morts et des blessés aux blessés, de la famine à la faim et de l’isolement à la solitude.

Merci aussi aux courageux soldats de « l’armée la plus morale du monde » qui s’amusent à Beit Lahya, à cibler des maisons et des immeubles avec des bombes qui enterrent par la même occasion leurs occupants, « environ quatre-vingts morts, selon le ministère de la Santé palestinien ».

Merci pour le soin apporté par ces valeureux soldats qui visent aussi les enfants qui ont essayé de retirer les cadavres de leurs proches de sous les décombres, juste quelques dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des médecins et des infirmiers, toujours piégées dans le camp de Jabaliya, sous les bombardements quotidiens, alors que « les trois plus grands hôpitaux de cette partie nord de Gaza sont la cible de lourdes attaques. Soignants et patients sont bloqués à l’intérieur, sans aucune possibilité d’être évacués » (selon Anna Halford, coordinatrice des urgences de Médecins sans Frontières à Gaza).

Merci pour cette punition collective imposée aux Palestiniens de Gaza, qui doivent choisir désormais entre la peste du déplacement forcé ou le choléra des bombes qui tombent sans arrêt !

Merci aussi pour le soutien sans faille des alliés de cette guerre totale contre la population démunie de Gaza, l’Amérique, l’Europe à quelques exceptions près, un crime de masse accentué par le silence des pays arabes, complices de facto.

Enfin, merci à tout ce beau monde d’avoir ouvert les yeux sur ces croisades contre les musulmans menées par procuration par l’État hébreu. Ce n’est pas pour rien que l’équipe au pouvoir à Tel Aviv ne voit plus le futur qu’à travers une lutte manichéenne biblique.

Quand les leaders israéliens traitent les Palestiniens d’animaux humains, je pense que les loups ne s’offusquent guère car ils se seraient sentis réellement insultés si on les avait comparés aux dirigeants de l’État hébreu sachant que le loup ne tue jamais par plaisir.

Grâce à Netanyahou, Israël et la société israélienne avec lui ont perdu toute légitimité dans cette guerre. Israël et les États-Unis peuvent faire ce qu’ils veulent des médias, ils peuvent manipuler les opinions publiques, mettre à fond la sono, mais la victime d’hier a perdu toute l’empathie des populations occidentales.

Aujourd’hui, le jeune Américain, le vieillard Suédois, le Japonais, le Vénézuélien, l’Espagnol, tous se sentent Palestiniens. Comprenant enfin que la propagande occidentale vantant la seule démocratie du Moyen-Orient, c’était du pipo, ils ont désormais pour Patrie, la Palestine et pour frères de cœur les Palestiniens et les Palestiniennes.

Ils voient désormais cette frénésie de l’État hébreu au massacre comme des « signes de décadence » de l’empire américain.

En optant pour le génocide, Netanyahou et ses complices ont misé sur le mauvais cheval. Les actes de résistance palestiniens à la barbarie sont un problème de dignité humaine. La notion d’homme révolté, développée par Albert Camus, est fondamentale pour comprendre le ras-le-bol des Palestiniens depuis le premier massacre de leurs ancêtres en 1948.

Pour ne pas être complice, voire un collaborateur des bourreaux de Tel Aviv, il est du devoir de chacun de nous de combattre le génocide par la dénonciation des crimes de guerre d’Israël.

Chaque enfant palestinien massacré, c’est une partie de notre humanité qui s’envole, chaque femme rendue veuve est une tâche indélébile sur notre conscience, chaque bébé mort de faim, c’est une honte de plus, chaque vieillard pleurant sa solitude est la négation de notre statut d’être humain. Voilà pourquoi le combat doit continuer, si ce n’est qu’à la mémoire des victimes de Gaza.

Qu’est-ce que Gaza a apporté à ces millions d’individus qui battent le pavé aujourd’hui à New-York, Paris, Londres, Casablanca ou Bruxelles ? L’idée que la solitude, l’incompréhension, l’absence d’espoir d’une société où les individus ont perdu la foi en des lendemains meilleurs n’est pas une fatalité.

Que l’idée, le mythe de la puissance américaine, l’invincibilité de l’armée de l’État hébreu était un loup-garou agité par la bien-pensance pour maintenir les individus sous le joug de la domination. Gaza, c’est David contre Goliath et, bien sûr, au final, comme David a gagné, Gaza gagnera.

 

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Abdellatif El Azizi