Sept ans après l’affaire Théo, trois policiers aux assises
Trois gardiens de la paix sont jugés à partir de demain pour l’interpellation violente en 2017 à Aulnay de Théo Luhaka. Une affaire révélatrice des violences policières.
C’est parce que cet homme de 28 ans garde des séquelles irréversibles de son interpellation, touché par un coup de matraque télescopique au niveau de l’anus, que les trois fonctionnaires sont renvoyés jusqu’au 19 janvier devant une cour d’assises.
Le principal accusé est poursuivi pour des violences volontaires ayant entraîné « une mutilation ou infirmité permanente » sur la victime, avec les circonstances aggravantes de sa qualité de personne dépositaire de l’autorité publique, avec arme et en réunion.
Une infraction punie de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. Dans un premier temps, le policier avait été mis en examen pour viol, mais la qualification avait été écartée pendant l’instruction faute d’éléments suffisamment caractérisés.
Deux autres gardiens de la paix sont jugés pour violences volontaires avec circonstances aggravantes.
Scène filmée
Le 2 février 2017, un équipage de quatre fonctionnaires de la Brigade spécialisée de terrain d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) décide d’effectuer des vérifications d’identité sur un groupe de jeunes hommes dans la cité des 3 000.
Rapidement, le ton monte et le contrôle de police dégénère. La scène filmée par la vidéosurveillance de la ville montre les fonctionnaires procéder à l’interpellation de Théo Luhaka, alors âgé de 22 ans, qui s’y oppose.
Le jeune homme se retrouve dos au mur et reçoit un violent coup avec le bâton télescopique de défense d’un des policiers à travers le caleçon du jeune homme.
Toujours en activité
Une enquête administrative de l’Inspection générale de la police nationale a conclu à « un usage disproportionné de la force et à un manquement au devoir de protection due aux personnes placées sous la garde de la police ».
Dans son rapport, la « police des polices » établit que « les deux violents coups d’estoc du BTD » sont portés à un moment où « Théo Luhaka ne commet pas d’atteinte envers l’intégrité physique des policiers interpellateurs ».
Le juge d’instruction, l’enquête de l’IGPN et les investigations indépendantes du Défenseur des droits vont aussi mettre en exergue des tirs de gaz lacrymogène, ainsi que des coups de genou et de poing portés par les gardiens de la paix quand Théo Luhaka était menotté au sol.
Les trois policiers sont toujours en activité.