Tunisie. Terrorisme : fin de cavale pour Ahmed Melki, capturé par des citoyens
C’est le djihadiste le plus « high profile » parmi les cinq évadés de la prison de la Mornaguia le 31 octobre dernier. Ce ne sont ni les autorités ni la police locale qui sont derrière la capture ce matin dimanche 5 novembre, d’Ahmed Melki.
Coup de théâtre, c’est en effet via plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux à la mi-journée par les citoyens présents sur place que l’on a appris qu’Ahmed Melki, dit « al Somali » (« le somalien ») était aux mains de simples civils, des riverains de la Cité El Intilaka, une localité située à proximité d’El Omrane Supérieur, non loin d’Ettadhamen, à l’ouest de Tunis.
Selon le témoignage d’un riverain, c’est un policier qui n’était pas en service qui aurait reconnu le terroriste et a donné l’alerte en demandant l’aide des passants. Entre temps, Al Somali est encerclé par des badauds et des curieux incrédules. L’un d’entre eux l’immobilise par la taille au moment où il échangeait encore des propos avec ceux qui l’interrogeaient sur les raisons de sa fuite. « Je n’allais pas laisser Dieu se faire insulter ! », rétorque-t-il.
Des théories du complot mises à mal
Que signifie le fait que cet élément faisant la jonction d’AQMI et de Daech, considéré comme le terroriste en vie le plus dangereux du pays, n’ait pu parcourir qu’une petite distance, seulement 15 kilomètres séparant sa prison de l’espace public dans lequel il a été retrouvé déambulant dans la rue ?
Contrairement aux théories conspirationnistes reprises y compris par le président de la République, Kais Saïed, cette cavale aux moyens visiblement rudimentaires est bien ce qu’elle semblait être de prime abord. Car il est difficile de croire que si l’opération avait été « pilotée par des services étrangers », ces derniers n’auraient pas mis à disposition des fugitifs des moyens moins bricolés et plus sophistiqués, leur permettant notamment de changer d’apparence, d’atteindre les frontières, ou d’accéder à suffisamment de vivres pour ne pas nécessiter de sortir en plein jour.
Agé de 44 ans, le Somalien est impliqué dans des assassinats en 2013 de politiciens de l’opposition, condamné à 24 ans de prison, dans l’attente d’autres procès. Interpellé en 2014, il est le principal accusé pour le meurtre le 25 juillet 2013 du député panarabiste Mohamed Brahmi. Il a aussi été impliqué dans la logistique de l’assassinat le 6 février 2013 à Tunis du leader de l’extrême gauche Chokri Belaïd. Quatre autres terroristes restent en cavale. Condamnés à des peines allant de 50 ans de prison à la peine capitale, ils courent toujours. Ce weekend d’importantes opérations de ratissage se poursuivaient sur les collines de Borj Cedria, banlieue sud de Tunis, où les autorités auraient apparemment une piste concernant les fugitifs.
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