Tunisie. Cinq dangereux éléments djihadistes s’évadent de prison

 Tunisie. Cinq dangereux éléments djihadistes s’évadent de prison

C’est un énorme camouflet pour les autorités. Le ministère de l’Intérieur a annoncé mardi à la mi-journée la fuite de cinq prisonniers salafistes de premier plan, qualifiés de dangereux et condamnés à mort dans des affaires terroristes, qui ont pu s’évader de la prison civile de Mornaguia, à 14 kilomètres au sud-ouest de la capitale Tunis.

Spectaculaire et d’une ampleur inédite, l’opération d’évasion remet en question le mythe du plus grand centre pénitentiaire du pays, réputé inviolable, qui s’effondre, sur fond de suspicions de complicités et d’infiltrations au sein même de la prison située dans le gouvernorat de la Manouba.

 

Des dirigeants « high profile »

Les cinq éléments en question comprennent des noms connus pour faire partie du leadership de la branche tunisienne de l’Etat islamique, selon l’avocate Leila Haddad qui rappelle leur implication dans des affaires d’assassinat politiques. Il s’agit d’Ahmed Melki surnommé le Somalien, Amer Belazi, Raed Touati, Nader Ghanmi et Alaeddine Ghazouani. Les deux premiers ont participé à l’assassinat des deux dirigeants de gauche Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, en février et juillet 2013.

Les prisonniers auraient selon des sources sécuritaires pris la poudre d’escampette à l’aube de ce mardi 31 octobre 2023 et un dispositif sécuritaire important a été déployé pour tenter de les arrêter dans les meilleurs délais, de manière à éviter qu’ils n’entrent en contact avec d’autres éléments en liberté, ne fuient à l’étranger ou ne commettent des actes violents.

Sur le qui-vive, la Garde nationale qui a installé des barrages et diffusé des photographies des concernés ci-dessous, a appelé les citoyens à participer activement aux recherches via leur signalement aux unités les plus proches, sans se mettre toutefois en danger.

 

Selon l’étude la plus récente en date effectuée par Avocats sans frontières sur la surpopulation carcérale du pays, avec un nombre de détenus d’environ 22.000 personnes, la politique carcérale semble stagner ces dernières années. Le taux d’incarcération de 181 personnes pour 100.000 habitants, fait en effet de la Tunisie le deuxième pays d’Afrique du Nord avec le taux d’incarcération le plus élevé. « La capacité d’accueil des établissements pénitentiaires étant de 18.000 individus, force est de constater la conception répressive du système pénal » par les autorités, rapporte ASF.