Vacanciers tués par des tirs algériens : une enquête au Maroc et une plainte en France pour « assassinat aggravé »

 Vacanciers tués par des tirs algériens : une enquête au Maroc et une plainte en France pour « assassinat aggravé »

Des proches portent le corps de Bilal Kissi, abattu par les garde-côtes algériens alors qu’il s’était égaré à la frontière maritime entre l’Algérie et le Maroc, en vue de son inhumation dans la ville de Saïdia, dans le nord-est du Maroc, le 31 août 2023. (Photo AFP)

Ouverture d’une enquête sur les personnes tuées par des tirs algériens, après s’être égarées près de la frontière algérienne lors d’une sortie en jet-ski.

Le parquet d’Oujda a ordonné l’ouverture d’une enquête, sur la base des déclarations d’une personne affirmant avoir été victime, avec 4 autres jeunes personnes, d’un incident violent en mer.

Les cinq personnes, qui étaient à bord de jet-skis, se seraient égarées en mer, lors d’une sortie de loisir, indique une source judiciaire. Le parquet a donné ses instructions à la Gendarmerie royale à Oujda, afin de recueillir les informations nécessaires sur les circonstances dudit incident. Dans le cadre de l’enquête, plusieurs personnes faisant partie des familles et entourage de ce groupe de jeunes ont été auditionnées.

D’autre part, la famille des deux touristes, dont un Franco-Marocain, abattus en pleine mer par des tirs attribués à des garde-côtes algériens, a annoncé, par la voie de leurs avocats, leur intention de déposer une plainte en France notamment pour « assassinat aggravé ». La plainte sera déposée pour « assassinat aggravé, tentative d’assassinat aggravé, détournement de navire et non-assistance à personne en danger », a ainsi annoncé à l’AFP Me Hakim Chergui, l’un des avocats de la famille des victimes.

« La rupture des relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et la République algérienne, à l’initiative de cette dernière, ne saurait justifier la commission du moindre crime et encore moins, l’impunité de ses auteurs », écrivent dans un communiqué Me Chergui et Me Ghizlane Mouhtaram qui défend la famille au Maroc.

« C’est la raison pour laquelle, contraints par le mutisme des autorités algériennes, sur le territoire desquelles les assassinats ont eu lieu, ils n’ont pas d’autres choix que de recourir à la justice française pour que toute la lumière soit faite sur ce drame d’une cruauté sans nom », ajoutent les deux avocats.

Un crime qui porte l’empreinte du régime sanguinaire algérien

Selon le témoignage d’un Franco-Marocain de 33 ans, Mohamed Kissi, quatre vacanciers, dont il faisait partie, se sont égarés en mer lors d’une sortie en jet-ski mardi (29 août). Ils ont été rejoints par des garde-côtes à bord d’un bateau, qui ont tiré sur eux.

Son frère Bilal Kissi, commerçant de 29 ans et père de deux jeunes enfants, et son cousin Abdelali Mechouar (ou Mchiouer), commerçant de 40 ans vivant en France et père d’un enfant de cinq ans, ont été tués. Un ami, Smaïl Snabé, franco-marocain, a été arrêté par les garde-côtes algériens. Mohamed Kissi a, lui, été secouru par la Marine marocaine.

La famille Kissi sollicite « de toutes les parties concernées la plus grande des diligences afin de permettre la restitution à ses proches du corps d’Abdelali Mchiouer, actuellement sous la main de justice en Algérie, et sa mise en terre au Maroc, entouré de tous ceux qui l’ont connu et aimé, dans les plus brefs délais », font savoir Me Chergui et Mouhtaram.

Selon Me Mourad Elajouti, président du Club des avocats, qui s’exprimait sur le site Médias24, l’Etat algérien a violé les dispositions de la Convention sur la recherche et le sauvetage maritime (SAR) de 1979 qui oblige tous les États à opérer un sauvetage non-discriminatoire quels que soient la nationalité ou le statut des personnes secourues.

Le régime algérien a violé également les dispositions de la Convention internationale pour la Sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS) et les dispositions de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) du 10 décembre 1982.

Ce n’est pas la première fois que l’armée algérienne commet un « acte irresponsable ». Le mois de novembre 2014, l’armée algérienne avait tiré sur des civils à la frontière entre les deux pays à proximité de la ville d’Oujda. Suite à cet incident grave, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération avait convoqué l’ambassadeur algérien à Rabat.