Alger/Paris : le casse-tête des opposants algériens
Alors qu’entre Paris et Rabat, le divorce est assumé de part et d’autre et personne ne se pose la question sur la légitimité des profonds désaccords entre les deux pays, le cas Algéro-Français relève du casse-tête chinois.
Alors que la presse des deux pays avait applaudi à la fin de la crise diplomatique entre la France et l’Algérie notamment après la visite en grande pompe d’Emmanuel Macron à Alger, accompagné de son gouvernement au complet, il n’y a toujours pas d’embellie à l’horizon. La promesse de visite de Tebboune à Paris semble compromise pour bien longtemps. Ces relations qui sont rentrées dans une zone grise ne sont pas prêts d’en sortir, vu les dernières requêtes d’Alger. Paris les considère comme irrecevables. En effet, sur fond de chantage à la visite présidentielle de Tebboune en France, Alger trouve que Paris, en laissant « les opposants algériens » s’activer comme ils veulent en France, agit en « ennemi » !
Conséquence attendue : alors que les demandes d’extradition déposées par Alger ont explosé entre les deux pays, le point de friction est devenu aujourd’hui un véritable contentieux. Installés en France, pour la plupart en attente d’un statut de réfugié politique, les Amir Dz, Ferhat Mhenni, Abdou Semmar, Amira Bouraoui et bien d’autres ont tous un point commun. Ils sont condamnés pour la plupart à la peine de mort ou la prison à vie sous diverses accusations dont la plus fréquente est celle de « terrorisme » !
Le cas du blogueur Amir DZ serait comique s’il n’était profondément tragique : Amir Boukhors cumulant neuf mandats d’arrêt se voit multiplier les condamnations en Algérie, où il est tour à tour, condamné pour « atteinte à l’unité et à la sécurité du pays », pour « actes subversifs », pour « diffamation à travers les réseaux sociaux », « extorsion de fonds » ou encore « chantage à l’encontre de personnalités algériennes ».
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Des opposants d’Alger, poil à gratter
Ces activistes algériens dont de nombreux opposants politiques, des journalistes installés en France sont aujourd’hui le poil à gratter des relations entre Alger et Paris. Même si des responsables algériens, de manière officielle ou informelle soulèvent la question, il semble que le thème est un sujet de discorde profond entre les responsables des deux pays. Cela a valu une sortie du président français. Il s’était senti obligé de rappeler aux responsables algériens : « Je n’ai pas à me prononcer sur leur cas, parce qu’il s’agit de décisions qui relèvent du contrôle du juge » ( Le Point 11 janvier 2023).
Pourtant nos amis algériens devraient finir par comprendre qu’il n’y a pas de pouvoir démocratique sans opposition effective, les opposants sont nécessaires parce qu’ils obligent les gouvernements à mieux faire. En remettant en question tous les éléments de l’action gouvernementale et toutes les stratégies de louvoiement de celle-ci, ils s’attaquent sans relâche aux idées reçues et aux théories dominantes qui bloquent l’avènement d’une véritable démocratie (s’ils ont bien entendu l’expertise nécessaire pour cela).
Ce qui est malheureux dans la plupart des pays arabes, c’est que ce travail d’opposition a été confisqué aux véritables opposants, vite remplacés par des You tubeurs sans profondeur et au QI politique proche de zéro. Si pareilles tares ne justifient pas leur persécution sauvage, elle sert néanmoins d’alibi aux pouvoirs en place pour décrédibiliser « le militantisme » à la petite semaine de ces nouveaux opposants dont la grande majorité finissent par retourner leur veste .