Libye. Reprise des affrontements armés à Tripoli, « les pires depuis plusieurs mois »
Des milices se sont affrontées dans plusieurs quartiers de Tripoli au cours de la nuit de lundi et de la matinée de mardi 15 août, des témoins sur place décrivent ce qu’ils qualifient de « pires violences que la capitale libyenne a connues cette année » entre factions rivales pour le contrôle de la région.
Une épaisse fumée noire plane encore sur certaines parties de la ville tôt mardi et le bruit des armes lourdes résonne dans les rues, d’après des images publiées dans les réseaux sociaux et selon les médias locaux à Tripoli qui font état de combats acharnés dans différents quartiers de la capitale.
Clashs entre groupes d’élites du GUN
Ces affrontements, opposant cette fois la « 444e brigade » et les Forces spéciales de dissuasion, qui avaient toutes deux soutenu le gouvernement intérimaire d’unité nationale (GUN) durant les brèves batailles de l’année dernière, mettent de facto un terme à la trêve officiellement en vigueur, une période de quelques mois de calme relatif à Tripoli entamée début 2023.
Au déclenchement de ces clashs lundi soir, la force spéciale de dissuasion qui contrôle l’Aéroport de Mitiga dans la banlieue de Tripoli, a arrêté le commandant de la 444e brigade, Mahmoud Hamza, alors qu’il tentait de voyager, a déclaré une source au sein de la même brigade.
En Tunisie, les voyageurs ont été informés aussitôt par des compagnies aériennes et des sources aéroportuaires que les vols à destination et en provenance de Mitiga ont été interrompus puis détournés vers Misrata, à environ 180km à l’est de Tripoli. Des affrontements ont éclaté près de Mitiga tard lundi et tôt mardi selon Reuters. « Nous entendons des tirs nourris depuis le début de la matinée. Ma famille vit dans le quartier de Khalat Furjan, à environ 7km de là, et elle entend également les affrontements » rapporte un habitant de la capitale qui indique également que ces factions ont bloqué des artères importantes avec des pneus en feu.
Le bilan provisoire est de quelques dizaines de blessés. Des équipes médicales ont été dépêchées sur les lieux pour évacuer les personnes piégées dans les zones de conflit.
En avril 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU avait préconisé des élections la même année, « seule voie de sortie de l’impasse politique pour la Libye », selon le Représentant spécial pour la Libye Abdoulaye Bathily. Optimiste, il avait déclaré qu’« une nouvelle dynamique est à l’œuvre en Libye qui espérait des scrutins présidentiel et législatifs avant la fin de l’année, « sur la base d’un cadre constitutionnel solide ». Un optimisme de moins en moins d’actualité à mesure que reprennent les affrontements au cœur de la capitale et du centre névralgique du pouvoir libyen.
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