Saïed appelle à créer une institution financière mondiale anti migration

 Saïed appelle à créer une institution financière mondiale anti migration

Voilà plusieurs mois que Kais Saïed et Giorgia Meloni affichent leur entente cordiale. Une véritable « idylle » pour la presse italienne et dont cette conférence internationale est une consécration

Les travaux de la conférence internationale sur le thème « Migration et développement » ont démarré hier dimanche 23 juillet au siège du ministère italien des Affaires étrangères à Rome, en présence du président de la République, Kais Saïed, et de plusieurs dirigeants et hauts responsables de pays européens et africains et des pays du Golfe.

 

« Nous avons aboli l’esclavage depuis 1874 et nous ne comptons pas renouer avec cette maudite et exécrable tradition à travers la migration irrégulière », a assuré le chef de l’État, pour qui« la Tunisie n’a pas de leçons à recevoir en la matière ». « Sauf que nos autorités ont récemment abandonné des migrants subsahariens par centaines à leur sort dans le désert, en pleine canicule », rétorque l’opposition tunisienne qui dénonce un deal opaque entre l’Italie de Meloni et la Tunisie de Saïed.

Les travaux de cette conférence dont le coup d’envoi a été donné par la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni et le Vice-président du Conseil des ministres, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération italien, Antonio Tajani, se dérouleront à huis clos. Lors de la séance d’ouverture, le président de la République, Kaïs Saïed a prononcé une allocution. Une deuxième séance sera consacrée aux organisations internationales. Par ailleurs, une déclaration commune sera publiée à l’issue des travaux de la conférence.

Fidèle à son goût pour les idées alternatives, le président Saïed a en outre plaidé en faveur de la mise en place d’une « nouvelle institution financière mondiale » pour lutter contre la migration clandestine. Une entité dont les sources de financement seraient doublement alimentées par « les prêts après leur suppression et les fonds spoliés après leur récupération ». Or, pour ses détracteurs, Saïed accumule les utopies altermondialistes au moment où, sur le plan national, sa Commission de réconciliation pénale échoue jusqu’ici à récupérer de quelconques sommes significatives.

 

Vers une feuille de route internationale

Réunissant les pays de la rive sud de la Méditerranée, du Moyen-Orient et du Golfe, cette conférence vise essentiellement à mobiliser les efforts en vue de traiter la question de la migration irrégulière et de prendre conscience des préoccupations des pays concernés par le phénomène. Mais ce sera aussi « l’occasion de rechercher des financements pour créer des projets censés exploiter des opportunités d’emploi aux populations locales africaines », selon les déclarations à la presse de Giorgia Meloni.

Cette dernière a également souligné que l’approche sécuritaire dans le traitement de la crise migratoire est « insuffisante », plaidant en contrepartie en faveur d’une « vision globale » de la question migratoire en Méditerranée. Dans un communiqué publié sur son site, le gouvernement italien a indiqué que cette conférence ambitionne de mettre en place une feuille de route internationale afin de mettre en œuvre un train de mesures concrètes pour promouvoir le développement de la Méditerranée et de l’Afrique.

Pour le président Saïed, il s’agira également de « résoudre les causes profondes à l’origine de la migration irrégulière », point qu’il a martelé dans son discours, et de mettre fin au trafic illicite des personnes. Autre objectif mis en avant par la conférence, la lutte contre la traite des êtres humains ainsi qu’un coup de fouet au développement économique notamment dans les secteurs de l’agriculture, l’énergie, l’infrastructure, l’éducation, la santé et l’environnement.

Cette grand-messe intervient dans un contexte marqué par la montée en puissance des flux de migrants irréguliers subsahariens vers l’Europe via la Tunisie et les pays de l’Afrique du nord, et qui ne cesse de susciter les inquiétudes des pays européens, en tête desquelles l’Italie de Meloni, leader de l’extrême droite italienne.