Antiterrorisme : Gel des fonds de 141 individus en Tunisie

 Antiterrorisme : Gel des fonds de 141 individus en Tunisie

Après sa mise à jour le 25 mai, 141 personnes, physiques et morales, figurent actuellement sur la liste nationale des personnes, organisations et entités dont les fonds sont « associés aux crimes terroristes », établie par la Commission nationale de la lutte contre le terrorisme (CNLCT), apprend-on vendredi 26 mai.

L’information a été dévoilée par le directeur de l’unité chargée de la mise en œuvre des résolutions onusiennes liées à la prévention contre le financement du terrorisme au sein de ladite commission, Thafer ben Hamida.

Dans une déclaration en marge d’une session de formation organisée par la CNLCT au profit des cadres de la direction générale des douanes de Sousse, Ben Hamida a précisé que le nombre des personnes figurant sur cette liste noire a en réalité été « revu à la baisse suite à la suppression de 13 personnes pour motif de décès ».

 

650 mille dinars d’avoirs

S’agissant de l’impact financier, la même source indique que l’exécution des décisions de la Commission a abouti au gel des avoirs et actifs dont le montant global s’élève à environ 650 mille dinars tunisiens.

S’agissant de l’intérêt et des objectifs des cycles de formation lancés par la Commission nationale de lutte contre le terrorisme sur le système de gel des fonds, des ressources économiques et des avoirs des personnes et des organisations liées au terrorisme, Ben Hamida a précisé que ces formations s’inscrivent dans une perspective de sensibilisation et d’initiation à « une matière d’une technicité élevée ».

En l’occurrence c’est un effort mené de concert avec la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), un organisme dépendant de la Banque centrale. Quant au public cible, il s’agit des institutions financières et non financières, ainsi que toutes les structures concernées par la mise en œuvre des décisions onusiennes telles que citées par la loi sur la lutte antiterroriste de 2015, une loi amendée en 2019.

 

Mécontentement présidentiel

La veille, la même Commission tunisienne des analyses financières faisait l’objet d’une mention plutôt inattendue au Palais de Carthage. Le président de la République, Kaïs Saïed, y recevait mercredi 24 mai le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi. Une rencontre censée n’être consacrée qu’à la traditionnelle remise des états financiers de la BCT, pour l’exercice 2022, ainsi que le rapport des commissaires aux comptes.

Mais une fois n’est pas coutume en pareille circonstance, l’entrevue a également abordé selon un communiqué de la présidence « le rôle crucial de la Commission tunisienne des analyses financières dans la détermination des sources de financement suspectes de certaines parties suspectes et qui continuent d’en bénéficier ».

Dans le style abscons habituel du président Saïed, on peut y lire plus loin qu’« il n’est plus un secret pour personne que l’argent circule illégalement, et qu’il est inadmissible que ceux qui profitent de ces fonds restent dans l’impunité et sans reddition des comptes conformément à la loi », lit-on dans le texte du communiqué de la présidence de la République.

Pourquoi Saïed sermonne-t-il de la sorte le gouverneur de la BCT pourtant censé bénéficier d’une totale souveraineté ? Pour de nombreux observateurs, le chef de l’Etat faisait indirectement allusion, sans le nommer, à la libération sous caution 24 heures plus tôt de Noureddine Boutar, patron de la radio Mosaïque FM, la Commission des analyses financières n’ayant précisément rien trouvé à lui reprocher après avoir minutieusement passé en revu ses comptes bancaires ainsi que ceux de son épouse et du média où il est actionnaire majoritaire.

Or, « étant sacrée, la parole présidentielle se doit d’éviter les approximations et le colportage de rumeurs », ironise aujourd’hui un chroniquer de la radio commentant le communiqué du Palais.