Nicole Gratton : A quoi rêvent nos adolescents ?

Etre adolescent n’est pas de tout repos en ces temps agités. Les rêves de la génération Z se retrouvent plus diversifiés. Ils aspirent à des envies très plurielles. C’est le résultat de l’appel à projets Dream On by Pixpay, qui dans sa 3ème édition a recueilli plus de 30 000 rêves d’adolescents. L’auteure du livre « Les rêves chez l’adolescent » et fondatrice de l’école internationale des rêves, Nicole Gratton est revenue pour nous sur cet univers particulier.

On les imagine insouciants, angoissés, rivés sur leurs téléphones,… Et pourtant, les rêves des adolescents sont bien loin de ce qu’on croit. C’est le résultat de l’étude qu’a mené Pixpay, qui a fait appel à 30 000 adolescents pour comprendre leurs envies et besoins.

Après une période Covid-19 où plus d’un tiers des jeunes se voyaient aller à l’étranger en 2022, il ne sont plus qu’un quart à avoir ce rêve de voyager. Le Japon arrive en tête (14%) suivi des Etats-Unis (13%). Le tour du monde ne rentre plus dans leurs priorités car seulement 5% en rêvent encore.

L’envie de devenir un grand sportif représente 11% des rêveurs adolescents. Le football reste très largement en tête avec 28% suivi des sports mécaniques (16%) et du basketball (16%). Un adolescent sur 10 souhaite plutôt réussir par l’éducation et la vie d’artiste n’attire plus que 9% des jeunes qui ont répondu.

L’intérêt qu’ils portent pour les nouvelles technologies ne semblent pas pour autant les convaincre de devenir influenceurs. Seulement 6% des adolescents se voient devenir youtubeurs ou streameurs.

L’entrepreneuriat ne semble ravir que 5% des ados avec des chiffres plus élevés dans les DOM (11,3%). C’est vrai que cette aspérité n’arrive que plus tard entre 18 et 24 ans.

Enfin, si on leur remet 1000 euros, 28% pensent d’abord à leur famille. 2% des adolescents les offriraient à une cause qui leur tient à coeur contre 7% qui les garderaient en totalité pour eux.

Auteure du livre « Les rêves chez l’adolescent » et fondatrice de l’école internationale des rêves, Nicole Gratton revient pour nous sur cet univers particulier

Le Courrier de l’Atlas : Les adolescents ont ils des rêves plus éclectiques que les adultes ?

Nicole Gratton : Les adolescents rêvent en fonction de leurs émotions qui sont dans une période d’identification de soi. Ceux-ci vont les guider vers les bons choix. Ils vont leur permettre de mettre de l’ordre dans leurs émotions et leur corps émotionnel. Les rêves parlent de nous. L’adolescent peut questionner ses rêves. Ils captent dans le monde des rêves, de l’information privilégié sur ses choix de vie. On a un potentiel infini durant l’enfance et plus on avance en âge, moins on a de capacités à y avoir accès.

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Quelle interprétation doivent ils donner à leurs rêves ?

Nicole Gratton : Ce qui est perçu dans la journée est remis dans un autre ordre. Si le jeune rêve d’un projet, ce sont ses images quotidiennes qui vont être précisées dans ses rêves. Cela va éclairer un questionnement ou encourager dans une conviction. Une bonne méthode est d’écrire ces rêves, ce qu’on l’en perçoit. C’est aussi un éveil des sens, de la sensualité, de la sexualité.

Existe t’il des différences de rêves entre le genre masculin et féminin ?

Nicole Gratton : Chez l’homme, on a souvent des rêves de combat ou des rêves où il y a besoin de renforcer sa virilité. Chez les femmes, cela va aller dans la communication et dans la validation des émotions.

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Le contexte actuel (crise, guerres, changement climatique,…) peut il conditionner les rêves des adolescents ?

Nicole Gratton : Les nouvelles que l’on entend sont souvent anxiogènes. Les 3 fonctions des rêves sont l’équilibre, l’information et la transformation. Dans l’équilibre, il faut comprendre qu’il s’agit d’une soupape de sécurité qui leur permet de les sortir des peurs, des doutes, des angoisses, du stress. Le coté informatif nous explique notre potentiel, de notre capacité d’adaptation au changement, de nos dons, de nos habiletés. Les rêves de transformation sont des rêves de dépassement. Le cerveau crée alors de nouveaux circuits dans lesquels on a des chemins par rapport à nos comportements. Si on est à l’écoute de nos rêves, on valide notre potentiel d’évasion, de transformation malgré les menaces extérieures.

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Seulement 1 jeune sur 10 se voit plus tard artiste. Est ce que l’on va vers des vies moins bohèmes ?

Nicole Gratton : Rêver d’être un artiste est un besoin de reconnaissance. Les talents artistiques sont souvent nombreux à développer. Le jeune peut se demander s’il s’agit d’un rêve prémonitoire ou un besoin de reconnaissance. La difficulté est de savoir quel talent on possède en soi. Les rêves peuvent aider à passer outre des échecs.

Est ce que le digital joue sur la façon de rêver des jeunes ?

Nicole Gratton : Les réseaux sociaux ont une influence énorme. Les adolescents sont exposés à des commentaires. Il est nécessaire que le jeune se demande où est sa place. On n’a jamais connu une période comme celle-là. Cela laisse la place aux innovations. On est ouvert à la multiplicité des possibles.