Soudan : la réforme du système militaire et de sécurité vue par Mohamed Hamdan Daglo, vice-président du Conseil de souveraineté

 Soudan : la réforme du système militaire et de sécurité vue par Mohamed Hamdan Daglo, vice-président du Conseil de souveraineté

Le vice-président soudanais du Conseil de souveraineté et commandant des Forces de soutien rapide (RSF) du Soudan, Mohamed Hamdan Daglo. ASHRAF SHAZLY / AFP

Le Soudan a un nouveau rendez-vous avec son histoire le 6 Avril. Depuis plusieurs mois le processus de transition démocratique se met en place progressivement pour mettre un terme à l’effondrement économique, social et sécuritaire que ce pays a connu depuis plusieurs années. Et à cet égard les Nations unies ont récemment salué les avancées politiques qui ont permis d’incontestables progrès.

Par Paul Chevalier, correspondant au Soudan

Certes il reste encore beaucoup à faire et l’équilibre des forces dans le pays est encore précaire, mais la situation s’améliore après le renversement du gouvernement dictatorial d’Omar El Bechir qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant près de trois décennies et l’avènement d’un gouvernement militaire de transition qui a promis à court terme l’instauration d’un régime civil.

Dernièrement, le président du Conseil de souveraineté et de transition le général Abdelfattah Al Buhran a réaffirmé l’engagement des parties en ce sens. Le vice-président soudanais du Conseil de souveraineté et commandant des Forces de soutien rapide (RSF) monsieur Mohamed Hamdan Daglo avait déclaré quant à lui que la sécurité intérieure, et donc la réforme des forces armées au Soudan, concernait tous les Soudanais et que, dès lors, un consensus national en la matière devait être construit puis défendu par toute la population. Cela signifie que l’ensemble des forces au pouvoir actuellement doivent s’impliquer dans ce processus afin que la transition démocratique débouche sur un État de droit attendu avec beaucoup d’espérance par les Soudanais.

Le pays est un territoire qui est un carrefour migratoire sur le continent africain et l’instauration d’un État de droit est donc un enjeu majeur à l’échelle du continent africain mais aussi pour l’Europe et notamment les pays riverains de la Méditerranée. Il s’agit donc d’un moment historique observé avec autant d’espérances que de craintes par de nombreux pays….

La modernisation des forces armées et leur adaptation à la démocratisation en cours est au cœur des enjeux à venir au Soudan. Mais alors que le général Al Buhran a tendance à faire traîner en longueur les choses en invoquant la complexité du processus et la nécessité de prendre du temps pour élaborer la nouvelle doctrine militaire, le vice-président du Conseil de transition, monsieur Daglo (MHD) a récemment souligné que de nombreux exemples d’une telle réussite existent et que certains pays comme l’Afrique du Sud, les Philippines, le Zimbabwe ou la Namibie ont connu des évolutions rapides en ce sens et doivent donc servir de modèles au Soudan, étant entendu que les Forces de soutien rapide que dirigent MHD seraient bien sûr concernées par cette réforme.

Le porte-parole officiel du processus politique Khaled Omar Yousef affirmait lui aussi dernièrement que la réforme sécuritaire et militaire était un des éléments les plus importants de la réforme institutionnelle au Soudan, réforme qui doit permettre la transformation démocratique et le retour des civils au pouvoir.

L’ensemble des forces politiques signataires s’investit chaque jour pour parvenir le plus rapidement possible au fameux accord-cadre tant attendu et assurer ainsi la transition. Cela suppose, en priorité, aboutir à un accord commun sur la réforme du système militaire et de sécurité, la création d’une armée professionnelle et nationale unique et la réforme de la police et des services de renseignement. Un groupe de travail comprenant le général Al Buhran et monsieur Daglo ainsi que des représentants des partis politiques impliqués a été constitué dernièrement et ses conclusions compléteront l’ensemble des réflexions et avancées qui doivent permettre une signature définitive de l’accord le 1er avril prochain.

Lors de ces travaux le vice-président monsieur Daglo a mentionné l’importance pour le succès de la transition d’unifier au plus vite l’armée et donc d’intégrer les Forces de soutien rapide qu’il commande en son sein : Lors de l’ouverture d’un workshop dédié à la question en mars dernier, Daglo précisait : « Les Forces de soutien rapide ont été, et sont toujours, résolument engagées à se ranger du côté de l’option de la transition démocratique, qui place le Soudan sur la bonne voie (…). Et il existe de nombreuses preuves à l’appui, en refusant de réprimer les manifestations, puis en se ralliant au choix des masses, tout au long de la première période de transition ».

On observera que ce faisant monsieur Daglo prouve d’une part que son action n’est commandée par aucun intérêt politique personnel, d’autre part son très fort attachement à la normalisation institutionnelle rapide de son pays. Et de conclure lors de cet atelier : « Il s’agit d’un message que le futur gouvernement qui prendra en charge les affaires dans le pays devrait comprendre ; la transformation démocratique est un objectif stratégique auquel on ne peut déroger, quelles que soient les circonstances. »