Sarcelles. Nabil Koskossi : « Malgré sa condamnation, l’ancien député Pupponi continue son harcèlement sur les réseaux sociaux »

 Sarcelles. Nabil Koskossi : « Malgré sa condamnation, l’ancien député Pupponi continue son harcèlement sur les réseaux sociaux »

Depuis 2014 et malgré sa condamnation, François Pupponi ne rate pas une occasion pour « salir » Nabil Koskossi sur les réseaux sociaux. Photo : DR

Nabil Koskossi, cadre dans la fonction publique et natif de Sarcelles (95), ville où il habite toujours, pensait avoir fait le plus dur en faisant condamner en 2017 François Pupponi, ancien député socialiste du Val-d’Oise pour « diffamation publique envers un particulier », une condamnation définitive puisque confirmée en appel. 

En 2015, l’ancien maire de Sarcelles avait conseillé sur Facebook à une journaliste du Monde qui avait interviewé Nabil Koskossi « de ne pas donner la parole à de tels individus qui bafouent les lois de la République et ses principes ». C’est à cause de ses propos que Pupponi a été condamné.

Tout commence le 20 juillet 2014 quand une manifestation de soutien au peuple palestinien, alors que Gaza est bombardée par l’armée israélienne, est prévue à Sarcelles par le collectif « Garges-Sarcelles » dont Nabil Koskossi est le porte-parole. La préfecture, qui craint un trouble à l’ordre public, interdit le rassemblement. A la demande des services de l’Etat, Nabil Koskossi se rend sur place pour annoncer que la manifestation est annulée.

« La manifestation a été annulée, comme vous le savez tous (…), on est ici, à la base, par rapport à une initiative de paix, de soutien au peuple palestinien mais aussi à Israël, on veut qu’il y ait la paix dans les deux Etats. A Sarcelles, on a toujours bien vécu dans la mixité, on n’a jamais eu aucun problème avec nos frères juifs », déclare-t-il ainsi aux gens présents sur place, comme l’ont attesté nos confrères de Mediapart qui couvraient le rassemblement.

La manifestation vire ensuite à l’émeute. Des slogans antisémites sont scandés et des magasins appartenant à des membres de la communauté juive sont incendiés. François Pupponi tient alors pour responsable Nabil Koskossi. La mairie dépose plainte pour « destruction et dégradation de biens privés ou menace » contre le collectif de Garges-Sarcelles. Une plainte classée sans suite par le parquet de Pontoise.

Pupponi ne s’arrête pas là, puisqu’il fait par la suite distribuer des « lettres d’information » dans les boîtes aux lettres de Sarcelles, sous-entendant que Koskossi a organisé une manifestation à caractère antisémite. Depuis 2014 et malgré sa condamnation, François Pupponi ne rate pas une occasion pour « salir » Nabil Koskossi sur les réseaux sociaux. Comme ce tweet (voir ci-dessous) qu’il a posté en novembre dernier en pleine polémique « qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » à l’Assemblée nationale.

Le 3 novembre 2022,  le député RN Grégoire de Fournas avait lancé « qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » lors d’une intervention de l’élu LFI Carlos Martens Bilongo, qui s’exprimait sur le « drame de l’immigration clandestine » pendant la séance de questions au gouvernement. Dans ce tweet, Pupponi sous-entend que le député qui pose en photo avec Koskossi serait ami avec un « antisémite ».

Pourquoi François Pupponi s’acharne sur vous ? 

Aujourd’hui, il n’a plus aucun mandat d’élu. Tout commence en 2008, quand je refuse à deux reprises d’être sur sa liste. Puis, il y a la manifestation interdite en 2014 où il tente par tous les moyens de me faire passer pour un antisémite, avant sa condamnation trois ans plus tard par la justice française.

Je rappelle qu’il n’avait jamais été condamné auparavant. En 2020, il perd les Municipales et en 2022, il perd son mandat de député face à Carlos Bilongo, jeune trentenaire, membre de la France insoumise. Pour François Pupponi, je suis le détonateur de sa décadence.

François Pupponni vous tacle régulièrement sur les réseaux sociaux, en sous-entendant que vous seriez antisémite. Quels effets ont ces accusations dans votre vie de tous les jours ? 

Ce n’est pas simple d’être accusé d’une chose aussi ignoble. Je ne suis pas antisémite, je n’ai jamais tenu de propos antisémites. Je vis toujours à Sarcelles où vit une forte communauté juive, avec laquelle, j’entretiens de bons rapports, certains sont même de très bons amis. A Sarcelles, nous avons toujours bien vécu avec nos frères juifs.

Malgré sa condamnation, l’ancien député Pupponi continue son harcèlement sur les réseaux sociaux. Après les accusations de François Pupponi, des juifs de Sarcelles sont venus me voir pour discuter. C’est une petite ville, Sarcelles, tout le monde se connaît. Ils ont compris très vite qu’il s’agissait ici de fausses accusations.

Je n’ai jamais été condamné par la justice, Pupponi oui. Il a même été condamné en janvier 2022 par le tribunal de Pontoise pour des faits « d’abus de biens sociaux, faux et usage de faux » (NDLR : François Pupponi a fait appel de cette décision).

C’est surtout la fachosphère qui vous attaque…

Effectivement. François Pupponi, qui a été pourtant pendant très longtemps socialiste, est aujourd’hui très suivi par la droite et l’extrême droite. Chacune de ses accusations à mon encontre est reprise en masse par la fachosphère. J’ai déjà reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux. Clairement, François Pupponi en voulant me faire passer pour un antisémite, veut ternir mon image, me créer des problèmes dans ma vie professionnelle. D’ailleurs, des collègues m’ont avoué que certaines personnes étaient venues les voir pour leur dire que j’organisais des émeutes antisémites.

J’ai également appris que certaines attachées de presse qui voulaient proposer des articles sur la ville où je travaillais ont fait marche arrière quand ils ont googlisé mon nom et ont découvert les fameuses accusations. Et puis, ces fausses accusations ont des incidences pour mes trois frères qui portent le même nom. Aujourd’hui,  quand vous cherchez du travail, l’employeur vérifie toujours qui vous êtes sur Google…

Vous êtes aussi en colère face à certains journalistes qui relaient ces fausses accusations sans les vérifier…

Oui, certains médias reprennent ce que dit François Pupponi comme si c’était une dépêche AFP ! C’est ce qui s’est passé le 27 janvier dernier quand le député LFI Carlos Bilongo est invité sur Europe 1. Alors que la situation en Israël-Palestine est évoquée et que le député dit qu’il a toujours été pour la paix, le journaliste lui demande s’il est toujours ami avec moi, sous-entendant que Carlos Bilongo serait proche d’antisémites…

Heureusement, le député a remis les pendules à l’heure en rappelant que dans cette affaire, la justice m’avait donné raison. Le journaliste d’Europe 1 n’avait visiblement pas vérifié. Pourtant, quelques clics sur Internet lui auraient permis de voir que j’ai fait condamner François Pupponi en première instance et en appel pour diffamation. Heureusement que d’autres journaux, comme Le Parisien, Le Monde ou Libération qui a fait un long article dans sa rubrique CheckNews, relèvent le niveau en restant sur les faits.

Vous dites aussi que vous n’aimez pas qu’on dise de vous que vous êtes pro-palestinien…

Effectivement. Cela voudrait dire que je serai anti-israélien. Je ne souhaite pas la destruction de l’Etat d’Israël, je veux juste que les droits du peuple palestinien soient respectés, comme le préconise le Droit international.  D’ailleurs,  j’ai des discussions parfois passionnées mais qui restent cordiales avec des défenseurs de l’État d’Israël.

Je rappelle que le député François Pupponi, lui, a signé une tribune avec d’autres parlementaires de droite en 2011 contre l’admission de l’Etat palestinien à l’ONU. Moi, je n’aurais jamais signé une tribune contre la reconnaissance de l’État d’Israël. Alors qui est dans le camp de la paix ?

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