Non-lieu dans le dossier du chlordécone
La justice française rend un non-lieu dans cette affaire du chlordécone. Les deux juges d’instruction ordonnent un non-lieu mais reconnaissent un scandale sanitaire.
Ce pesticide a été utilisé dans les bananeraies jusque dans les années 90, notoirement dangereux pour la santé, à l’origine de cancers de la prostate, reconnu comme maladie professionnelle.
C’est un non-lieu qui ne passe pas et pourtant, les juges ont tenté d’y mettre les formes : cinq pages d’explication sur les raisons de cette décision, essentiellement basée sur la prescription des faits. Pour les juges, il est difficile de prouver les contaminations 10, 15 ou 30 ans après.
Un argument qui ne tient pas pour les avocats des plaignants car la pollution perdure encore aujourd’hui :le chlordécone se diffuse toujours dans l’eau et contamine les aliments comme les volailles, les poissons. Selon les scientifiques, il aurait souillé les sols pour les 600 prochaines années.
Taux le plus élevé de cancer de la prostate
Et les conséquences sur la population sont considérables. 90% des habitants sont contaminés. Ce pesticide utilisé principalement en Guadeloupe et en Martinique provoque des cancers, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
C’est d’ailleurs en Martinique qu’il y a le taux le plus élevé de cancer de la prostate à travers le monde. Les avocats des plaignants vont donc faire appel devant la chambre de l’instruction et envisagent déjà des recours, devant les juridictions européennes et internationales. Les élus dénoncent un « déni de justice » et craignent que cette décision n’alimente encore un peu plus la défiance des Antilles envers l’Etat français.
Interdit en métropole
Le chlordécone est un pesticide utilisé depuis 1973. Il a été mis au point pour lutter contre le parasite de la banane, le charançon. Il a été interdit, 20 ans plus tard, pour sa dangerosité en France métropolitaine seulement. Une dérogation avait été accordée pour les Antilles…