Tunisie. Ahmed Néjib Chebbi : « Je ne me présenterai à aucune convocation ! »
Militant historique et ancien opposant au régime Ben Ali, l’avocat et ex député Ahmed Néjib Chebbi (78 ans) dit se tenir prêt à renouer avec les luttes radicales d’antan, face à ce qu’il considère être une justice au service du nouveau régime en place en Tunisie.
En clair, le dirigeant du Front du salut national a annoncé aujourd’hui mardi 3 janvier 2023 sa désobéissance à « une justice civile de nouveau aux ordres du pouvoir ». Le politicien s’exprimait lors d’un point de presse organisé mardi 3 janvier 2023 au sujet de sa convocation par la justice, suite à une plainte déposée contre le Front du salut national par la présidente du Parti destourien libre (PDL), l’avocate Abir Moussi.
« Un opportunisme judiciaire »
La plainte de la présidente du PDL intervient suite au discours qu’Ahmed Nejib Chebbi avait prononcé le 25 décembre 2022 lors d’une manifestation du Front du salut national. Le dirigeant avait alors évoqué « la culture autocratique de Abir Moussi » et sa volonté de se venger de la révolution tunisienne pour réinstaurer la dictature comme au temps de l’ancien président, Zine El Abidine Ben Ali.
« En 24 heures sans que l’on examine la plainte, on a pris la décision de nous poursuivre, un temps record ! », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi expliquant que les quatre personnes visées par la plainte sont accusées de financement du terrorisme, entre autres accusations.
Si la plainte n’est donc pas initiée cette fois ni par le parquet ni par le ministère de la Justice, Chebbi sous-entend que la justice a profité en l’occurrence d’une convergence d’intérêts, en accélérant une procédure initiée par autrui. « Une politique de l’intimidation par les dossiers que l’on pensait révolue », commente-t-il.
Plusieurs autres personnalités publiques poursuivies
Également poursuivis, Ridha Belhadj, Chaïma Issa et Jaouhar Ben M’barek – tous membres du Front du salut national – seront convoqués dans le cadre de cette plainte. Ils ont été informés de la procédure par l’Ordre national des avocats de Tunisie, hier lundi, selon Belhadj.
Ahmed Nejib Chebbi a réitéré ses accusations contre Abir Moussi soutenant que celle-ci « s’attaque à tous ceux qui s’opposent à elle et rêve d’une Tunisie où il n’y a de place ni pour Moncef Marzouki, ni Chaïma Issa, ni Ridha Belhadj, ni Samir Dilou ». « Madame Abir Moussi rêve d’une Tunisie où ses opposants n’ont d’autre place que la prison. Cette plainte en est, d’ailleurs, la preuve », a-t-il avancé, insinuant qu’un régime populiste en cache un autre, en embuscade, si Moussi venait à succéder à au président Kais Saïed.
Chebbi a ajouté que le procureur de la République n’avait pas pris la peine de vérifier les faits qui leur sont reprochés et avait directement ordonné une instruction. « Ceci n’est que mise en scène. Nous refusons d’en faire partie. Nous ne jouerons pas à ce jeu », a-t-il martelé, soupçonnant le pouvoir en place d’avoir instrumentalisé la plainte déposée par Abir Moussi.
« Abir Moussi a préparé le terrain pour le putsch du président de la République Kaïs Saïed », estime en outre Chebbi. L’homme a indiqué qu’il ne se plierait à aucune convocation qui lui parviendrait. « Si je suis forcé à comparaitre, je ne prononcerai pas un mot et je ne répondrai à aucune question jusqu’à ce que le jugement soit prononcé », a-t-il mis en garde les autorités.