Fès. Coup d’envoi du Festival des musiques soufies

 Fès. Coup d’envoi du Festival des musiques soufies

Le président du Festival de Fès de la culture soufie, Faouzi Skali. FADEL SENNA / AFP

Le samedi 22 octobre, la magie de la Medersa Bou Inania a joué dans le coup d’envoi du Festival de Fès de la culture soufie qui a démarré sur les chapeaux de roue une conférence inaugurale, animée par Michael Barry sur « L’avenir de l’art islamique ».

 

Dans sa quinzième édition qui sera dédiée à feu Charif Moulay Abdellah Ouazzani, le Festival de Fès de la culture soufie revient, du 22 au 28 octobre  sur le thème de « Science et conscience », avec une thématique qui rassemble près de 200 participants de 20 pays, dont des conférenciers de renom, des artistes et des chanteurs venus de toutes les confréries du monde (Inde, Azerbaïdjan, Turquie, Kosovo, Syrie, France, Perse). 

Ce qui fait dire au président du Festival de Fès de la culture soufie, Faouzi Skali que « le Maroc qui est connu pour être le pays des Aouliya (Saints), avec un enracinement des valeurs soufies et de concepts soufis, et ce depuis des siècles est aussi la patrie de la commanderie des croyants, un concept qui est le socle du concept religieux au Maroc ». 

L’académicien a ainsi évoqué l’insistance du souverain qui n’a de cesse de rappeler que « dans le Royaume du Maroc, dont l’apport considérable jamais démenti au fil des siècles à la sauvegarde du patrimoine spirituel de l’Islam, ainsi qu’à l’ancrage des valeurs de sagesse et de foi propres à notre religion, a toujours existé. Une belle symbiose entre la Commanderie des Croyants et les confréries soufies a toujours perduré, et ce, dans le but de protéger la foi sunnite du pays et d’en préserver les choix doctrinaux », (message adressé aux participants à la 2ème édition des rencontres mondiales Sidi Chiker des adeptes du Soufisme).

C’est ainsi que des manifestations, comme le Festival des musiques soufies, mettent en lumière le patrimoine soufi maghrébin qui est profondément lié à la réalité locale. 

Et c’est encore pour cela que les penseurs invités vont débattre des relations du soufisme avec la société, puis des liens entre la foi et la pensée mentale et comment utiliser ces valeurs et ce patrimoine dans la civilisation islamique qui se distingue par sa tolérance de la diversité culturelle et religieuse. Une thématique qui s’inspire également des pensées de grands cheikhs comme Ibn Arabi, Jalal Eddine Roumi, Ibn Al-Fârid, Al Shushtari.

Cette rencontre a été suivie, l’après-midi, par le vernissage, au Centre culturel les Étoiles, de l’exposition « Les manteaux des éveillés » de Louise Cara qui apportera son regard sur la transmission traditionnelle soufie de l’influx divin et prophétique à travers la symbolique du manteau ou « khirqa ». 

Pour rappel, c’est à Fès que le grand Ibn Arabi connut l’illumination et la transmission de la khirqa. Le cheikh al akbar relate cet événement dans ses Futuhat Al-Maqqia (Illuminations de la Mecque) : « Alors que j’étais en train de diriger la prière d’Al-Asr en 593 à Fès, à la Mosquée Al-Azhar située au quartier Aïn Al-Khaïl, elle m’apparut telle une lumière, presque plus visible que ce qui était devant moi. En outre, quand je vis cette lumière, le statut de la direction derrière cessa pour moi, je n’avais plus ni dos ni nuque… J’étais comme une sphère, je ne me savais plus aucun côté ». Dans un autre passage des Futuhat Ibn Arabi écrit : « J’obtins cette station de lumière en 593 à Fès lors de la prière d’Al-Asr ». 

Une atmosphère rehaussée par le concert de sitar « Écoute l’envol…» de l’Indien Khwaja Ameer dans une sorte d’immersion dans la cour moghole indienne, marquée par les virtuoses de la musique hindoustani de l’Inde du Nord, les interprètes de chant soufi Qawwali et de la danse kathak réunis pour mettre en lumière l’histoire d’un prince soufi indien du XVIIe siècle Dârâ Shikôh et ses actions en faveur de la coexistence fructueuse des religions.

 

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