Des dizaines de travailleurs palestiniens expulsés d’un bus israélien pour faire de la place à des passagers juifs
Un passager qui se fait passer pour un fonctionnaire du ministère des Transports et qui menace un chauffeur qui oblige une cinquantaine de Palestiniens à descendre de son véhicule. Ceci n’est pas de la fiction mais la réalité.
Jeudi 4 août, plusieurs dizaines de Palestiniens, de retour chez eux en Cisjordanie occupée, après une journée de travail en Israël, ont été contraints de descendre du bus afin d’accueillir trois passagers juifs qui ont refusé de monter avec eux et ont demandé au chauffeur de les faire descendre de force, comme le rapporte nos confrères d’Haaretz, un quotidien israélien classé à gauche.
« Après que quelques bus sont passés et ne se sont pas arrêtés – parce que le bus 288 est réservé aux Juifs – un bus qui était vide s’est arrêté et nous avons pu monter », a témoigné de manière anonyme M. l’un des passagers palestiniens. « Trois Juifs israéliens sont montés à bord à Bnei Brak et ont exigé que tous les Arabes descendent », détaille encore M.
Lorsque le bus est arrivé à Bnei Brak, une banlieue ultra-orthodoxe de Tel Aviv, trois passagers juifs israéliens sont donc montés à bord et ont immédiatement exhorté le chauffeur à expulser les Palestiniens du bus. Le chauffeur a finalement accepté de s’arrêter et a passé un coup de fil à celui que le Palestinien pensait être alors son patron. Après avoir mis fin à l’appel, le chauffeur a ordonné aux Palestiniens de descendre du bus.
La compagnie de bus a affirmé avoir, par la suite, mené une enquête et avoir découvert que l’un des passagers juifs s’était fait passer pour un employé du ministère des Transports et avait intimidé le chauffeur, récemment engagé, pour qu’il expulse les Palestiniens du bus.
L’imposteur a dit au chauffeur qu’il perdrait son emploi ou serait condamné à une lourde amende s’il n’obtempérait pas, comme l’a affirmé à Haaretz, Mikhael Kopilovsky, PDG de Tnufa.
« L’entreprise présente ses plus plates excuses aux passagers pour ce malheureux incident », a déclaré le PDG de l’entreprise de bus ajoutant pour se dédouaner complètement que « beaucoup de nos chauffeurs et de nos employés sont des Arabes. »
Une polémique qui rappelle un événement beaucoup plus grave. En 2013, à l’initiative du ministre de la Défense de l’époque, Moshe Yaalon, une mesure du gouvernement prévoyait d’interdire aux Palestiniens d’emprunter les mêmes bus que les Israéliens. Face au tollé dans la classe politique israélienne, y compris dans les rangs de la droite, Benjamin Netanyahu, Premier ministre de l’époque, avait décidé de faire marche arrière.
>> A lire aussi : Il y a 14 ans, disparaissait le poète palestinien Mahmoud Darwich