Travail des enfants : 160 millions de jeunes touchés dans le monde

 Travail des enfants : 160 millions de jeunes touchés dans le monde

crédit photo : Vision du monde

Malgré les traités, le travail des enfants sévit toujours. Ils sont 160 millions dans le monde à s’impliquer dans le travail, un chiffre en augmentation depuis ces 4 dernières années. Interview avec Camille Romain des Boscs, directrice de l’association Vision du Monde qui lutte contre ce fléau.

Travail des enfants : La directrice de l'association, Visions du monde, Camille Romain des Boscs
La directrice de l’association, Vision du monde, Camille Romain des Boscs (DR)

Le Courrier de l’Atlas : On estime que le travail des enfants touche 160 millions de personnes dans le monde. Y a t’il des régions qui sont plus touchées que d’autres ?

Camille Romain des Boscs : En effet, la répartition est inégale. L’Afrique Subsaharienne fait partie des régions les plus touchées. On estime que le travail des enfants touche 1 jeune sur 4. Avec la paupérisation, le phénomène touche tous les continents.

Quels sont les secteurs qui ont recours au travail des enfants ?

Camille Romain des Boscs : C’est essentiellement dans le domaine agricole que les enfants vont aider leurs parents. Les filles vont aussi participer à tout ce qui est périphérique au domaine agricole, effectuer des tâches ménagères ou aller chercher de l’eau tous les jours. Elles se retrouvent alors déscolarisées. Il y a donc le travail dans les champs mais aussi les tâches domestiques. On estime d’ailleurs que ce sont les filles qui sont les premières victimes du travail des enfants.

travail des enfants
crédit : Vision du Monde

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Quels sont les causes de ce travail des enfants ?

Camille Romain des Boscs : La première explication de ce fléau est la pauvreté, voire l’extrême pauvreté. Cela s’est renforcé avec la pandémie de la Covid-19. Les parents ne le font pas de gaité de coeur. Il faut pouvoir aider à nourrir la famille. Il peut y avoir aussi une répétition de la tradition. Des parents qui ont travaillé enfant, peuvent répéter cela avec les leurs. Le manque d’éducation peut aussi jouer. Des parents ne pensent pas à l’école comme échappatoire ou n’ont pas les moyens de les envoyer étudier.

Travail enfants
crédit photo : Vision du monde

Quels sont les conséquences du travail des enfants (manque d’éducation, santé, etc..) ?

Camille Romain des Boscs : Bien sûr, la première conséquence est l’éducation mais il peut y avoir aussi des conséquences physiques sur le développement des enfants. Le travail qui leur est demandé est souvent pénible. Cela peut concerner l’agriculture mais il faut penser aussi à l’exploitation dans les mines, l’orpaillage ou sur les routes. Il y a également des conséquences mentales et psychiques avec l’exploitation des enfants et des filles. Il peut y avoir des violences sexuelles. Les conséquences psychologiques sont très fortes chez les enfants.

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Il existe pourtant la convention internationale des droits de l’enfant…

Camille Romain des Boscs : Tous les pays ne l’ont pas signé. Il peut même y avoir des exemples assez étonnants comme le Québec. Il n’existe pas d’âge minimum pour travailler là-bas. Les enfants de moins de 14 ans doivent juste demander une autorisation parentale.

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crédit photo : Vision du Monde

Comment Vision du Monde agit elle pour lutter contre le travail des enfants ?

Camille Romain des Boscs : On essaye de faire un travail en profondeur qui puisse avoir un impact positif pour changer les choses. La première concerne l’enregistrement des naissances qui permet aux enfants de justifier leur âge. On développe aussi l’éducation dans les régions les plus reculées. En corollaire, on va agir aussi sur les difficultés économiques que peuvent rencontrer les parents pour envoyer leurs enfants à l’école. On fait en sorte que les parents puissent être en capacité de les nourrir, les soigner et assurer l’éducation de leurs enfants. Enfin, nous participons à un travail de plaidoyer auprès des Etats pour que des lois protègent les enfants. Cela concerne ceux qui n’ont pas de dispositifs légals ou qui en ont un mais qui n’est pas appliqué. Le spectre est donc large et va de l’enregistrement des naissances au renforcement des capacités économiques des parents et enfin lobbying auprès des Etats.

Il y a quelques années, plusieurs marques internationales avaient été épinglées pour leur participation au travail des enfants. Est-ce que c’est encore le cas aujourd’hui ?

Camille Romain des Boscs : Nous continuons à surveiller afin que cela ne se reproduise plus. Aujourd’hui, ces entreprises sont très surveillées. Elles ne peuvent plus faire n’importe quoi. Celles-ci sont bien sous le regard des associations et des consommateurs. Toutefois, il faut rester vigilant dans des domaines qui sont moins sous les projecteurs.

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