Le Pen-Macron et l’immigration : qu’est-ce qui les différencie ?
Dans un remake du 2e tour de 2017, Les Français vont devoir choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen le 24 avril. L’un des points qui les opposent est peut-être leur vision de l’immigration. Alors que l’extrême droite en fait un thème central de son programme, le président sortant se montre plus discret sur le sujet.
Marine Le Pen en a fait depuis des années un de ses chevaux de bataille. L’immigration ou plutôt la réduction de l’immigration a constitué une constance de sa pensée. Son programme prévoit ainsi de supprimer le regroupement familial, le droit du sol ou l’Aide médicale d’État aux étrangers. Et même l’interdiction du port du voile en public.
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Mais, Emmanuel Macron n’annonce pas de son côté un avenir fait de frontières ouvertes et de politique d’accueil généreuse. Le président candidat souhaite ainsi expulser un plus grand nombre de ressortissants étrangers et durcir les conditions d’accès aux titres de séjour.
Modifier la Constitution
La responsable du RN a annoncé voir faire de l’immigration la grande cause de son mandat. Elle compte mettre en place un référendum pour appliquer ses principales mesures. Mesure phare, la patronne de l’extrême droite française veut inscrire la préférence nationale dans la Constitution. Une façon de passer outre le principe d’égalité qui figure aussi dans la Loi fondamentale.
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Cette préférence nationale vise à réserver les emplois, les logements sociaux et les aides sociales aux personnes ayant la nationalité française. Cette mesure discriminatoire est pourtant difficilement applicable.
Mais cette manœuvre serait contraire à la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne à laquelle la France est tenue en tant qu’État membre. Ce texte stipule « à travail égal, salaire égal et mêmes droits ».
Casse-tête juridique pour Marine Le Pen
Concernant la remise en cause des droits des étrangers en matière de regroupement familial et d’aides, un certain nombre de textes pourraient poser problème. Le regroupement familial est encadré par le droit européen et la Constitution française. De même, en abrogeant le droit du sol, la France risque de créer des apatrides. Or Paris est signataire de conventions internationales qui proscrivent la création d’apatrides sur son territoire. De la même manière, une large part du programme de Marine Le Pen en matière de gestion des étrangers rencontrerait des obstacles dans le droit français, européen et international.
En revanche, certaines mesures pourraient voir le jour, sous réserve de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale. Il s’agit par exemple de la fin des autorisations de séjour pour les étrangers n’ayant pas travaillé dans les 12 mois et le durcissement des conditions de naturalisation.
Plus d’expulsions, moins de visas pour Macron
Emmanuel Macron n’a en revanche pas fait campagne sur le thème de l’immigration. Sa politique a néanmoins été peu clémente en la matière. Ainsi, pour forcer la main aux pays du Maghreb pour qu’ils acceptent leurs ressortissants expulsés, le président a annoncé la réduction du nombre de visas que les consulats français délivrent à Tunis, Alger et Rabat.
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En matière de demande d’asile, M. Macron souhaite qu’un refus signifie systématiquement l’obligation pour le demandeur de quitter le territoire français. Cette mesure permettrait de « réduire la lourdeur des procédures pour garantir des mesures d’éloignement plus rapide », estime-t-il.
Le président sortant souhaite enfin revoir les conditions d’accès aux titres de séjour de plus de quatre ans, en les conditionnant « à un examen de français et à une vraie démarche d’insertion professionnelle ». Des conditions proches de celles nécessaires actuellement à l’obtention de la nationalité française.