Après 2 jours de résistance une maison palestinienne démolie à Jérusalem-Est
La police israélienne a finalement procédé à la démolition d’une maison palestinienne de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. La famille avait tenté d’empêcher son expulsion pendant deux jours en menaçant de s’immoler lundi soir.
Avant l’aube mercredi matin, des agents israéliens se sont rendus au domicile de la famille Salhiya, menacée d’expulsion depuis 2017. Après deux jours de résistance, ils ont mis à exécution l’ordre de démolition de la maison qui se trouve à Jérusalem-Est occupée. Ce bras de faire entre la famille palestinienne et la municipalité était centre d’une campagne anti-expulsion.
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La tentative initiale d’expulsion de la famille lundi a été retardée après que la police se soit heurtée aux habitants. La famille s’était retranchée sur le toit avec un baril d’essence et menaçait de s’immoler et de brûler la maison. Les forces israéliennes avaient alors interpellé trois personnes et étaient reparties sans terminer sa mission.
« Un acte brutal »
Mais, la police a finalement perquisitionné la maison vers 3 h 30 mercredi matin. Elle a expulsé violemment la famille et les militants. Ils ont eu recours à des grenades paralysantes et ont arrêté au moins 18 personnes, dont cinq Israéliens. La police a également bloqué les rues environnantes.
« C’était un acte brutal, » a déclaré l’avocat Walid Abu Thaya, qui représente la famille. Il explique qu’il y avait un appel de la décision devant « la Haute Cour. Mais la police au service de la municipalité de Jérusalem était déterminée à accomplir leur mission, à leurs yeux, d’évacuer l’enceinte. »
« Comme les voleurs dans la nuit (ils) ont expulsé la famille Salhiye et démoli leur maison, où ils avaient vécu pendant des décennies, » dit le député de gauche Mossi Raz. Il a ajouté que « cela n’était pas nécessaire pour construire l’école ». Une position semblable à l’élue municipale Laura Wharton, présente lundi à Cheikh Jarrah. Il est possible de construire l’école « sans expulser de familles », selon elle.
Colonisation sous couvert de la loi
Le groupe de défense des droits de Jérusalem Libre a déclaré que « l’expulsion de la famille Salhiye en recourant à la violence et l’arrestation de membres de la famille et de militants est une escalade de la politique de l’État d’occupation et d’expropriation des maisons des Palestiniens. »
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Mohammed Salhiye et son épouse Lital, qui est juive, vivent dans un grand complexe dans le quartier depuis des décennies. Ils affirment que le père de Mohammed a acheté la terre avant 1967. Le gouvernement estime que le terrain faisait partie du complexe de Kerem Hamufti qui appartenait à Mohammed Amin al-Husseini, l’ancien grand mufti de Jérusalem. La terre a été confisquée conformément à la loi israélienne sur les biens d’absentéisme, selon laquelle la famille n’a aucun droit sur cette terre.
En 2021, le juge du tribunal de district de Jérusalem Anat Singer a statué en faveur de la municipalité. Il a autorisé l’expulsion, mais il y a cinq jours, l’avocat représentant la famille, Ahmed Kadamani, a présenté une demande urgente pour empêcher l’expulsion. Il affirme que l’ordonnance d’expulsion ne concerne que les parents, et non les autres membres de la famille.