Mère, une création de Wajdi Mouawad, du 19 novembre au 30 décembre 2021
Mère, de Wajdi Mouawad, nous plonge au cœur de la tragédie libanaise à travers le vécu d’une famille et le regard d’une mère. Jusqu’au au 30 décembre au théâtre national, la Colline.
C’est le troisième opus, après les solos Seuls et Sœurs et avant la création de Père et Frères. Le cycle s’intitulant Domestique. À partir d’éléments autobiographiques, Wajdi Mouawad déploie une œuvre à travers le regard d’un enfant de 10 ans. Il observe la vie et l’histoire de sa propre famille et décide de les raconter.
Un récit qui se mélange avec la grande histoire sanglante de la région. Et une œuvre qui nous propulse au cœur de la tragédie libanaise. Exils, séparations, déchirements. C’est le triste sort réservé à une grande partie de la population libanaise. Fuyant la guerre civile, une mère et ses trois enfants s’exilent à Paris. Le père, lui, est resté au pays pour poursuivre ses activités professionnelles, assurer les ressources pour sa famille.
Entre inquiétudes et doutes, cinq années passèrent dans l’attente. La famille disloquée espère un jour se réunir. Tous, attendent la fin de la guerre pour retrouver leur vie d’avant. Pendant ce temps, les conflits armés, au contraire, s’aggravent et s’éternisent et l’espoir de se retrouver s’amenuise de jour en jour.
« Je pense aux yeux de ma mère »
Le dernier des enfants observe sa mère écrasée par l’attente et l’angoisse. Il est désespéré, incapable d’agir ou de la consoler. Il ignore alors que ces événements le marqueront à jamais, au point d’en faire de sa propre histoire, une pièce de théâtre. Avec Odette Makhlouf, Wajdi Mouawad, la journaliste Christine Ockrent, Aïda Sabra et Emmanuel Abboud.
Les cinq membres de sa famille : le père, la mère, la sœur, le frère et lui-même ont effectué à peu près le même parcours. Le départ du Liban pour la France, pour atterrir enfin au Québec. Il s’est rendu compte pourtant que les récits et les souvenirs de ses proches ne sont perçus ni racontés de la même manière.
A partir de là Wajdi Mouawad a eu envie de raconter les points de vue de chacun, « non pour les opposer, mais pour les exposer ». Dans cette pièce, il parle de la réalité construite par sa mère. Un récit poignant qu’il décrit ainsi : « Et maintenant je suis là, comme à l’intérieur d’une paupière fermée, et je pense aux yeux de ma mère, et je ne sais pas pourquoi, ces yeux-là, bien plus que les miens, me donnent envie de pleurer.»
D’une durée de 2h, le spectacle est présenté en français et en libanais et sous-titré en français.
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