France. Expulsions : la Tunisie considérée comme « bon élève »
Fin septembre, la France avait réduit le nombre des visas accordés aux ressortissants algériens (-50%), marocains (-50%) et tunisiens (-30%), une mesure de rétorsion censée inciter les autorités des pays du Maghreb à délivrer des laissez-passer consulaires permettant les expulsions de migrants sans papiers. Hier jeudi, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a estimé s’agissant du moins de la Tunisie, que cette politique répressive de la France a porté ses fruits.
Depuis cette annonce faite par le pouvoir français le 28 septembre 2021, la polémique grandit en Tunisie, d’autant que cette « punition collective » se base sur des chiffres de 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19 et la restriction des déplacements. Contesté par les pays concernés, l’un des motifs officiels invoqués par la France demeure le manque de coopération diplomatique sur les dossiers d’obligation de quitter le territoire français.
Mais à 6 mois de l’élection présidentielle en France, nul n’est dupe : futur candidat à sa propre succession, le président Macron n’entend pas laisser le terrain du dossier migratoire à deux de ses plus grands rivaux, une obsession thématique sur laquelle surfe sans complexes le quasi-candidat Eric Zemmour.
Politique du 0 visas jusqu’à l’horizon 2022
La mesure dite des « visas contre expulsions » se fait sentir très concrètement en Tunisie où un mois après cette annonce, les témoignages se multiplient de Tunisiens toutes professions confondues qui peinent à décrocher le moindre rendez-vous en vue de l’obtention d’un visa. Sous-traité par TLS contact, le centre de demande de visas pour la France a déjà fait savoir à plusieurs aspirants au voyage que « les quotas ont été atteints pour l’année 2021 et que la prise de rendez-vous ne serait de nouveau faisable qu’à partir de 2022 ».
Invité par la chaîne CNEWS, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a révélé que l’Algérie et le Maroc n’auraient pas coopéré jusque-là, mais que « les choses ont progressé avec la Tunisie puisque plusieurs centaines de personnes ont pu être expulsées parce qu’elles ont eu un laissez-passer consulaire ».
Un brin provocateur, Attal se prévaut du fait que « la mesure prise sur les visas est une mesure forte et qu’il suffit de voir la réaction dans les pays concernés » […] « Nous devons continuer à mettre la pression. Il y a des personnes qui ont vocation à être accueillies en France, notamment celles qui bénéficient de l’asile et il faut les intégrer. Puis il y a les personnes qui n’ont pas vocation à rester en France et elles doivent être expulsées. Ce qu’on veut c’est faire respecter nos règles. On a de premiers résultats avec la Tunisie, je suis sûr qu’on progressera avec les autres pays aussi », indique le porte-parole du gouvernement français.
« Si la Tunisie de Kais Saïed a collaboré comme le révèle Gabriel Attal, le pays devrait voir les premières retombées de cette collaboration, via une levée des sanctions sur les visas, mais il n’en est rien », déplorent des médias nationaux tunisiens. Pas de doute, la pré-campagne pour la présidentielle est bien lancée en France, tandis qu’en Tunisie, une gouvernance de plus en plus opaque conduit les Tunisiens à s’informer sur les chaînes étrangères à propos de leur propre diplomatie.