Tourisme : 2022 année de tous de tous les espoirs pour le Maroc et la Tunisie
L’été jouant les prolongations comme souvent au Maghreb, les professionnels du tourisme du Maroc et de Tunisie se désespèrent face à l’absence d’affluence dans les hôtels. À l’heure des bilans, en Tunisie comme au Maroc, l’humeur est morose. La saison 2021 a à peine redonné un peu d’oxygène à un secteur ravagé par le Covid-19.
Haykel Akrout est directeur du luxueux Bel Azur depuis plus de 20 ans. Il fait visiter fièrement cet hôtel avec piscines et thalasso, en surplomb de la plage à Hammamet. La célèbre ville balnéaire tunisienne est devenue ces dernières années le cœur du tourisme Tunisie, aux côtés de Djerba. « 2021 est mieux que 2020 (…) Mais, ça reste deux fois moins bien que 2019, à cause des contraintes » du Covid-19, dit-il à l’AFP.
Après une flambée épidémique en juillet, son hôtel de 1 000 lits a dû réduire de moitié sa capacité. Toute l’Europe avait également placé La Tunisie en zone rouge. Un coup fatal, alors que l’Europe est de loin son principal marché. Avec un taux de remplissage de 30 %, dont 130 Russes, « on parle de survie. On n’est pas du tout dans un contexte de rentabilité », déplore M. Akrout.
La saison 2021 a connu « un très léger mieux » par rapport à 2020. L’année dernière avait en effet été catastrophique avec une régression de 80 %. Mais, « on est très loin de l’activité normale avec une augmentation de 11 % cette année », confirme Dora Milad, présidente de la Fédération hôtelière FTH. Les bonnes années comme 2019, avec 9 millions de nuitées, le tourisme a représenté jusqu’à 14 % du PIB, faisant vivre 2 millions de Tunisiens.
Embellie marquée au Maroc
Dépendant également du secteur, même si dans une moindre mesure, le Maroc a connu après la réouverture des frontières mi-juin une relative embellie. Le pays comptabilisait plus de 3,5 millions d’entrées fin août. Il chiffre en hausse significative par rapport aux 2,2 millions un an plus tôt, mais toujours quatre fois inférieures à 2019 (13 millions).
« La reprise a été particulièrement bonne dans les villes balnéaires. Mais, elle a été ralentie par les restrictions imposées en août », explique Hamid Bentahar, président de la Confédération du tourisme au Maroc. Sous l’effet d’un pic épidémique, le Maroc a durci les restrictions sanitaires en limitant les déplacements vers les pôles touristiques de Marrakech et Agadir.
Ces derniers jours, à la faveur d’une forte baisse des contaminations et décès, la Tunisie est sortie des listes rouges du Royaume-Uni et de la France. Cette dernière a pris la même mesure pour le Maroc et l’Algérie. Mais, pour l’hiver 2021, il est « déjà trop tard », estime le directeur du Bel Azur.
Une nouvelle vision pour le tourisme tunisien
« C’est comme un gros paquebot, cela va remettre la machine en route » et permettre de « sauver la saison 2022. On pourra signer des contrats avec les tours opérateurs ». Les professionnels se préparent à une reprise tout en admettant qu’il faille « repenser le tourisme » au Maroc et surtout en Tunisie.
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La Tunisie « ce n’est plus l’image du chameau et la plage seulement. Le tourisme de masse a montré ses limites », estime M. Akrout. Il appelle à valoriser « des sites magnifiques totalement inexploités ».
À la FTH, Mme Milad est du même avis. Elle évoque le Sud, les régions intérieures ou les « côtes de Carthage », près de Tunis. Selon elle, le secteur s’est « reposé sur ses lauriers » et son développement exponentiel à partir des années 60. Sans oublier que « le tourisme balnéaire représente 80 % de la demande mondiale », et sans « éliminer ce qui a été construit », il faut donc une nouvelle « vision », défend-elle.