Retrait de confiance du gouvernement libyen : quel impact pour la région ?
Coup de théâtre à Tripoli : la Chambre des représentants libyenne a voté hier 21 septembre le retrait de la confiance au gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah. Une annonce qui plonge le pays dans une profonde crise institutionnelle non sans conséquences sur la région Maghreb.
C’est le porte-parole du Parlement libyen, Abdullah Belhaiq, qui le premier a rendu publique la décision des parlementaires de retirer la confiance au gouvernement à une majorité confortable de 89 des 113 députés présents à la session du vote de la motion controversée. Mais le Haut Conseil d’État a aussitôt considéré cette mesure comme « nulle et non avenue » car allant à l’encontre de la déclaration constitutionnelle et de l’accord politique de transition.
Plus tôt durant la journée de mardi, Belhaiq avait indiqué qu’une session à huis clos de la Chambre des représentants a pu débuter sous la présidence de Aguila Saleh et en présence de ses deux vice-présidents, Fawzi Nweiri et Hamid Houma, ainsi que de 113 députés. Or, le gouvernement libyen n’a pas commenté l’annonce de la Chambre des représentants jusqu’à la mi-journée. Dbeibah a même maintenu inchangé son ordre du jour qui incluait sa présence à un match de football local, comme si de rien n’était.
Entame d’un bras de fer anti parlementaire
« Le Haut Conseil rejette les procédures de retrait de confiance au gouvernement d’unité nationale, et les considère comme invalides car allant à l’encontre de la déclaration constitutionnelle et de l’accord politique, et considère tout ce qui en découle comme nul », a commenté sur Twitter le porte-parole du Haut Conseil d’État, Mohammed Abdel Nasser.
En marge des récents déboires ayant opposé le numéro 1 de l’exécutif libyen Abdelhamid Dbeibah à la présidence de la République tunisienne, certains avaient expliqué que ces tensions pouvaient en partie s’expliquer par les difficultés politiques de Dbeibah sur le plan national et sa volonté de faire distraction. Une thèse qui tend à être corroborée puisqu’au final l’homme n’a pas pu éviter cette houleuse destitution, au moment où les groupes pro Haftar reprennent les devants notamment sur la frontière avec le Tchad voisin, signe que la transition libyenne est en réalité loin d’être un long fleuve tranquille.
Dans la nuit de mardi à mercredi, Abdelhamid Dbeibah a surenchéri dans sa défiance au retrait de confiance qui le vise en s’offrant un bain de foule : les cris de « A bas l’Assemblée ! » ne sont pas sans rappeler l’anti parlementarisme qui a le vent en poupe en Tunisie.
Si à Tunis, certains se réjouissent de la chute d’un Dbeibah qui devenait un élément encombrant dans la région pour le président Saïed, ces derniers développements peuvent au contraire intéresser le nouveau pouvoir présidentiel tunisien dans sa quête d’un front anti parlementaire régional et la restauration de régimes présidentiels forts. Plus que jamais, le Maghreb vit des heures déterminantes pour sa stabilité, sous le regard préoccupé des chancelleries occidentales longtemps investies dans les transitions démocratiques.