A paraître : La guerre par le droit. Les tribunaux Taliban en Afghanistan

 A paraître : La guerre par le droit. Les tribunaux Taliban en Afghanistan

Les Taliban ont installé des centaines de tribunaux dans les campagnes

La guerre par le droit, à paraitre jeudi 2 septembre, par Adam Baczko, chercheur au CNRS et au Centre de recherches internationales

« Et si les Taliban aux capacités militaires et technologiques bien inférieures à celles des armées occidentales avaient gagné la guerre par le droit ? »  C’est la question à laquelle répond le chercheur Adam Baczko dans son livre; La guerre par le droit, édité par le Centre national de la recherche scientifique, CNRS. La question n’a pas été posée comme un postulat de départ à son enquête. C’est une réalité qui est apparue, au fil de ses entretiens, comme une évidence présentée y compris par les farouches opposants au régime des Taliban.  

La coalition internationale pensait avoir mis sur pied  un système juridique pour organiser la vie compliquée des Afghans. Or, ledit système s’est avéré gangréné par la corruption. Pendant ce temps, les Taliban, eux, ont installé des centaines de tribunaux dans les campagnes. Leurs juges parcourant les régions les plus isolées pour rendre justice en total respect des procédures. L’impartialité des juges et l’application des verdicts ont fini par leur attirer la sympathie de la population. Le système judiciaire taliban s’est imposé alors comme un pilier d’une vie difficile et comme « une des rares sources de prévisibilité dans le quotidien des Afghans. »

A partir de là les questions se sont succédé : de quelles manières les Taliban ont-ils gagné la confiance de la population ? Comment sont-ils parvenus à se mettre en position de réguler les rapports sociaux ? Et avec quelles conséquences pour la société afghane ?

Des questions auxquelles répond point par point Adam Baczko dans son livre, La guerre par le droit, alimenté par un rigoureux travail de terrain dans les provinces du pays.

Le tribunal du gouvernement est seulement pour les gens riches

Nourrie par une prospection dans les différentes régions de l’Afghanistan, cette enquête offre de nouvelles grilles de lecture dans un pays en guerre depuis quatre décennies. « L’efficacité des tribunaux talibans a été de trancher de manière claire, avec une légitimité reconnue par les différentes parties en litige, et avec un usage de la coercition. Celle-ci était appréciée, même par des opposants aux Taliban, car elle mettait fin à des conflits qui duraient depuis des années, parfois des décennies. Les gens concernés pouvaient sortir de chez eux sans avoir peur de leur voisin », analyse l’auteur dans une interview parue dans l’édition du 31 août du journal Libération.

Un ouvrage qui propose donc une démarche novatrice sur la place du droit dans des pays en proie aux guerres civiles, assorti d’entretiens avec des Afghans de tous bords. «Le tribunal des Taliban est pour tous. Mais le tribunal du gouvernement est seulement pour les gens riches», confie un habitant du Wardak, une province du centre de L’Afghanistan.  Une révélation aussi inattendue qu’édifiante.

>> Lire aussi :Rentrée littéraire : La porte du voyage sans retour de David Diop