Plus d’un demi-million de Tunisiens vaccinés en une journée
Au terme d’une Journée nationale dite de la « vaccination intensive », 551.008 Tunisiens de plus de 40 ans ont reçu une première dose d’AstraZeneca dans les 335 centres aménagés pour l’occasion, selon un bilan définitif publié tard dans la nuit de dimanche à lundi. Un record accueilli tel un nouvel élan dans la lutte contre la pandémie.
Bénévoles et personnel médical ont célébré l’indéniable succès de cette journée dans une ambiance festive
Si elle ne s’appelle plus « portes ouvertes », c’est que cette campagne vaccinale tente de faire oublier le sinistre épisode précédent du 20 juillet dernier, où une opération similaire avait dû être interrompue par les pouvoirs publics par manque d’anticipation et de quantités de vaccins suffisantes pour contenir l’enthousiasme des tranches d’âge convoquées la veille. Une bévue de trop qui avait alors contribué à précipiter la chute du gouvernement Mechichi.
De 07h00 à 21h00 au lieu d’un démarrage à 13h00, une semaine de médiatisation et non plus 24 heures, 335 centres au lieu de 29, pas de convocation des moins de 40 ans, des milliers de de doses par centre et non plus quelques centaines : cette fois, les leçons de la mauvaise logistique ont bien été retenues, d’autant que l’armée a été mise à contribution en l’occurrence via la santé militaire.
Mais au-delà de la volonté politique et de l’acheminement des dons internationaux de vaccins qui étaient cette fois au rendez-vous, ce qui a fait la différence, de l’aveu de l’ensemble des intervenants du tournant que représente cette campagne, c’est surtout l’état d’esprit résolument volontariste qui a prévalu tout au long de la journée, malgré un démarrage difficile qui n’a pas été sans bousculades dans certaines localités.
Instrumentalisation politique ?
Lors d’une déclaration filmée par la communication officielle du Palais dans l’un des centres où se déroulait la vaccination, le président de la République Kais Saïed a assuré que « la vaccination se poursuivra également contre les virus et les microbes politiques dont souffre le pays ».
S’il est applaudi en cela par les soutiens de son récent coup de force, cette rhétorique de la métaphore déshumanisante et de la récupération inquiète certaines élites du pays pour qui deux semaines après le 25 juillet, l’absence de feuille de route présidentielle est dû à une persistante politique de l’improvisation.
Publié samedi 7 août, un communiqué de l’Elysée indique que « le Président Kais Saïed s’est engagé à faire connaitre rapidement sa feuille de route pour la période à venir et qu’il continuerait de donner toute sa place à la légitimité populaire ». Une pression côté français qui, malgré son apparente bienveillance, est occultée par la communication de Carthage qui n’a fait aucune mention de cet entretien téléphonique.
Dans une tribune publiée dimanche soir, Le Monde déplore une campagne de haine menée contre sa correspondante Lilia Blaise sur les réseaux sociaux, alimentée par le retour des clivages idéologiques au sein du débat public et la diabolisation des médias.