Rapport 2020 des CRA : enfermer « quoi qu’il en coûte » !

 Rapport 2020 des CRA : enfermer « quoi qu’il en coûte » !

Malgré le contexte sanitaire, le rapport 2020 sur les CRA (centres de rétention) montre la volonté du gouvernement d’enfermer les étrangers quoi qu’il en coûte.

 

Rapport accablant

« Quoi qu’il en coûte ! ». Dans un contexte de crise sanitaire, Emmanuel Macron utilisait cette formule pour protéger les citoyens et, en même temps, maintenir l’économie à flot. Selon le rapport 2020 (PDF) des centres et locaux de rétention administrative (CRA) paru aujourd’hui (6 juillet), il semblerait que le gouvernement ait voulu enfermer les étrangers « quoi qu’il en coûte ».

Outre les problématiques habituelles de la rétention, le rapport des associations Forum réfugiés-Cosi, France Terre d’Asile, Groupe SOS Solidarités – Assfam, La Cimade, et Solidarité Mayotte montre comment la situation épidémique a amplifié certaines atteintes aux droits.

Malgré le contexte sanitaire

Dès le début du premier confinement (mars 2020), tous les Français étaient sommés de rester chez eux et d’appliquer les gestes barrières. Sauf que la promiscuité dans les CRA rend impossible toutes tentatives de vouloir garder ses distances et d’appliquer ces gestes barrières.

Afin que les étrangers retenus puissent eux aussi se protéger du virus, les associations ont demandé au ministre de l’Intérieur, via une lettre ouverte, la fermeture des CRA et la libération des retenus.

Lors du premier confinement, les juges ont sanctionné les privations de liberté en libérant massivement les personnes placées en CRA. Les associations regrettent le caractère éphémère de cette action : « Ces décisions n’ont néanmoins pas infléchi la politique du gouvernement, qui a enfermé plus de 27 000 personnes en rétention malgré le contexte sanitaire ».

Double sanction

Selon le rapport, « un quart des placements en rétention en 2020 concernaient des personnes sortant de prison à l’issue de leur peine, ce qui revêt un caractère abusif dès lors que l’éloignement à bref délai n’est pas possible ». Les associations ont relevé plusieurs atteintes aux droits de la part de l’administration comme « la limitation ou l’interdiction des visites aux personnes enfermées, ou le recours systématique au mode dégradé d’accès à la justice que constituent les visio-audiences ».

Pour les étrangers en rétention, la crise sanitaire n’a quasiment rien changé. Pour eux, il y avait déjà une justice à deux vitesses. Il semblerait qu’il y ait également une santé à deux vitesses même en période de Covid-19.

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