Edito – Maroc. El Omari, Benkirane et Chabat : La malédiction

 Edito – Maroc. El Omari, Benkirane et Chabat : La malédiction

De gauche à droite : Ilyas El Omari (PAM), Abdelillah Benkirane (PJD) et Hamid Chabat (PI). Crédit photos © AFP : JALAL MORCHIDI / ANADOLU AGENCY – STRINGER – BETHANY CLARKE / GETTY IMAGES EUROPE

Apparitions  théâtrales, postures et déclarations à l’emporte-pièce, ça nous rappelle bien de mauvais souvenirs. « Souffler le chaud et le froid », ce fut pendant longtemps l’accusation que portaient les observateurs à ces trois (sombres) mousquetaires de la politique que furent Ilyas El Omari, Hamid Chabat ou encore Abdelillah Benkirane.

 

A force de faire le chevalier blanc, ces ex-ténors de la médiocratie, qui ont tous un compte à̀ régler quelque part, pensent toujours qu’ils ont un rôle à jouer sur la partition politique qui se profile pour 2021, alors qu’ils restent pour la plupart, dans la mémoire collective de simples accidents de l’histoire. Sinon de quoi cette apparition brutale et soudaine de ces oligarques, à quelques encablures des échéances électorales, est-elle le nom ?

Quels sont les points communs entre ces trois loosers ? Qu’ont-ils laissé derrière eux pour espérer rebondir ? Un « champ de ruines ». En effet, ils se sont servis sans vergogne de l’idéologie comme d’un tremplin, pour parvenir au pouvoir avant de trahir ce qu’ils ont professé par ce qu’ils ont fait.

Ilyas El Omari

L’ex-patron du PAM mettait sans cesse en avant une vulgate marxiste, allant jusqu’à s’inventer un passé de militant qui a fait de la prison, alors que même les cerveaux du Parti Authenticité et Modernité, face aux entourloupes du personnage se sont montrés incapable de repenser la société, comme de reconnaître les grands défis du monde contemporain. C’est peut-être le plus pitoyable d’entre tous.

El Omari qui a tenu à réapparaître avec une greffe de cheveux flambant neuf, s’exprimant dans un arabe approximatif dans une vidéo concoctée à la gloire du président chinois Xi Jinping. Il est certain que chez les hommes, l’alopécie provoque des conséquences psychologiques importantes, la chute de cheveux étant considérée comme une perte importante de l’estime de soi. Ce héros de mauvais roman est bien devenu aujourd’hui shakespearien, dans la mesure où sa réapparition ne pourrait en aucun cas, chasser les fantômes de son passé et ses mœurs de satrape. Après avoir institué l’arbitraire dans le parti, court-circuité les mécanismes légaux, espionné les militants de son parti, les journalistes, El Omari a-t-il apporté « la scoumoune » à tous ceux qui le vénéraient ? Ses ex-admirateurs ne sont pas loin de le penser, sa réapparition ne coïncide-t-elle pas avec la chute de son prédécesseur à la tête du PAM ? Ce pauvre Bakkoury aurait dû savoir qu’on ne dîne pas avec le diable si on n’est pas muni d’une longue cuiller.

Justement, Heidegger pensait que le monde moderne avait « trois ennemis principaux : le bavardage, la curiosité et l’équivoque ». Il n’est pas sûr qu’El Omari ait lu Don Juan, mais en tout cas l’homme aura de tout temps essayé de lui ressembler pour amener les autres à pratiquer le culte de la personnalité sur sa personne. Sauf que l’art de séduire des gens qu’il méprisait, revêtait chez Don Juan, autre chose que la pratique de la terreur par la manipulation. Dixit un parcours jonché de cadavres, d’intrigues, de manigances et de menaces avant qu’en 2018, El Omari ne soit chassé du PAM, et d’être ensuite mis en disgrâce définitive de la Région de Tanger.

Abdelillah Benkirane

L’autre personnage de Molière aussi célèbre dans « Les Précieuses ridicules » que dans « Tartuffe », c’est bien cet hypocrite de Benkirane qui s’est amusé à mener peu à peu ses militants à la disparition des convictions. Une régression, au sens freudien du mot ! Avec toujours la même imposture, le PJD lave plus blanc parce que ses membres sont plus musulmans que tous les autres Marocains !

Saint, martyr ou bourreau, Benkirane, ça le connaît puisqu’il est capable de revêtir à chaque fois un habit différent sans broncher.

Hamid Chabat

Venons-en à Chabat, l’ex-maire de Fès qui a perdu de sa superbe a eu quand même le culot de faire une réapparition publique après avoir disparu à l’étranger sans démentir les rumeurs les plus folles qui couraient sur lui, dont la moindre était la fortune colossale qu’il a mis à l’abri en Turquie et en Allemagne. L’homme s’est retrouvé aux premiers rangs de l’enceinte du Parlement, sourire carnassier aux lèvres et sans aucune espèce de honte pour ces années passées à toucher un salaire de parlementaire tout en étant absent.

Aujourd’hui, c’est un homme aux aguets, chassé comme un malpropre, Chabat a toujours dans un coin de sa tête la volonté de laver l’affront et envisage toujours de forcer le destin, jugeant sans doute que Nizar Baraka n’a pas l’étoffe pour le job. L’homme embarrasse ainsi son propre camp, dont les militants, qui sont vent debout contre le « traître » et ne voient en lui aucune solution possible.

Ces leaders en carton-pâte, que le monde ne regrette pas, usaient sans relâche de la schlague. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la réapparition des uns et des autres ont poussé à l’exaspération des troupes. Qui regretterait la disparition de Satan ?

En tout cas, les trois personnages ont ceci de commun : alors qu’ils ont très envie de revenir, ils rêvent toujours qu’on ferait bien appel à eux pour tirer les ficelles du futur casting gouvernemental. L’appât du gain est toujours plus fort.

 

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