Subvention à une mosquée : Darmanin attaque la maire EELV de Strasbourg
Gérald Darmanin a accusé lundi la maire EELV de Strasbourg Jeanne Barseghian de subventionner « une mosquée soutenue par une fédération qui défend l’islam politique ». Des critiques rejetées par l’élue écologiste qui dit n’avoir « jamais été alertée sur ce projet ».
« La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération » d’origine turque, a tweeté dans la nuit de lundi à mardi M. Darmanin. Une des deux fédérations qui ont « refusé de signer la charte des principes de l’islam de France », précise-t-il.
« Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée », a-t-il ajouté. Il a encore accentué la pression en annonçant avoir demandé à la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier de saisir la justice administrative de cette délibération.
M. Darmanin réagissait à l’adoption lundi par le conseil municipal de Strasbourg, au terme d’un vif débat, du « principe d’une subvention » de plus de 2,5 millions d’euros. Un financement alloué à la construction de la mosquée Eyyub Sultan, portée par la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG).
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Le chantier a débuté en 2017 et s’est un temps arrêté faute d’argent. La CIMG a demandé il y a quelques mois une subvention à la municipalité. Membre du Conseil français du culte musulman (CFCM), cette association avait refusé avec d’autres fédérations du CFCM de signer en janvier la « Charte des principes pour l’islam de France ». Ce texte, promu par Emmanuel Macron dans sa lutte contre le séparatisme, réaffirme la « compatibilité » de la foi musulmane avec la République.
Un projet ancien
« Ce projet de mosquée (…) est un projet ancien, il ne date pas de ma mandature » mais « d’une dizaine d’années », a précisé la maire écologiste. Mme Barseghian a également insisté sur le fait que le texte adopté lundi (42 voix pour, 7 contre) stipulait que le versement effectif de la subvention, qui fera l’objet d’un second vote, ne se fera qu’après présentation d’un « plan de financement » clair.
Si les garanties ne sont pas apportées, le versement de la subvention ne sera pas voté, a assuré lors du même point presse Jean Werlen, élu strasbourgeois chargé des cultes. Les demandes adressées aux initiateurs du chantier portent notamment sur « la provenance des autres types de financement », ainsi qu’une « réaffirmation des valeurs de la République », a insisté Mme Barseghian.
Millî Görüs va solliciter l’aide de la Collectivité européenne d’Alsace et de la Région Grand Est « à hauteur de 8 % chacune », dans le sillage de la Grande mosquée de Strasbourg inaugurée en 2012, rappelle le quotidien régional Les Dernières nouvelles d’Alsace (DNA). En effet, en Alsace-Moselle, Église et État ne sont pas séparés du fait du régime concordataire et les collectivités participent au financement des lieux de culte.
À terme, le projet estimé à 32 millions d’euros, comptera deux minarets de 36 mètres de haut et pourra accueillir jusqu’à 1750 personnes. Mais, les promoteurs sont loin d’avoir rassemblé les fonds nécessaires.
Le régime du Concordat toujours en vigueur
La subvention que pourrait lui verser la mairie strasbourgeoise représente 10 % du montant des travaux. Un pourcentage habituel pour le subventionnement des lieux de culte de la capitale alsacienne.
Si M. Darmanin « a des choses et des éléments à nous transmettre » sur Millî Görüs, « qu’il le fasse », a encore ajouté l’élue écologiste. Jusqu’ici « l’État n’avait formulé aucune contre-indication sur ce projet ni aucune alerte concernant les porteurs », a-t-elle souligné. Si « cette association était un avatar de l’État turc, croyez-vous vraiment qu’elle ait besoin » de cette subvention?, a interrogé M. Werlen.
« M. Darmanin fait des amalgames, c’est vraiment regrettable », a réagi auprès de l’AFP Fatih Sarikir, secrétaire général de la CIMG. Nous « sommes pour une charte qui vienne directement des mosquées, des fédérations, et qu’elle soit ensuite conclue par le CFCM », pas pour un texte préparé « par une ou deux ou trois personnes », a indiqué de son côté Eyup Sahin, délégué régional de la Confédération. Si « nous devons signer une charte, ce sera une charte sur laquelle nous aurons travaillé tous ensemble », a-t-il ajouté.