Le comédien d’origine tunisienne, qui avait également obtenu le prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise, a été distingué pour son rôle dans Un fils, réalisé par Mehdi Barsaoui.
Sami Bouajila, récompensé vendredi soir du César du meilleur acteur pour son rôle de père déchiré dans Un fils, a réussi à sortir des rôles stéréotypés de « beur » grâce au cinéma d’auteur. « J’ai souvent l’impression que les rôles nous choisissent, plus qu’on les choisit », a déclaré l’acteur en recevant son prix des mains de Fanny Ardant. Réalisé par Mehdi Barsaoui (36 ans), réalisateur et scénariste tunisien, le film ainsi honoré constitue indirectement une double victoire pour le cinéma franco-tunisien.
Une consécration
Avec une série de rôles d’envergure depuis trente ans, il a gagné la reconnaissance de ses pairs : prix d’interprétation à Cannes pour Indigènes de Rachid Bouchareb (2006), César du meilleur second rôle pour Les témoins d’André Téchiné (2007) et dernièrement une nouvelle distinction comme meilleur acteur dans une sélection de la Mostra de Venise pour Un Fils. « Je ne me suis jamais senti dans la peau du beur de service. Ce sont des rôles qui font partie de moi. J’ai mis vingt ans à me défaire de toute étiquette, ce n’est pas pour en revendiquer une aujourd’hui », confiait-il à l’AFP en 2011 pour la sortie d’Omar m’a tuer. « Je me défends de devenir le porte-parole d’une communauté : je suis d’abord un acteur ».
Né le 12 mai 1966, à Grenoble, de parents immigrés tunisiens, le jeune Sami découvre le cinéma grâce son père. Ce peintre en bâtiment emmenait ses deux fils, « en costume qui gratte », découvrir les westerns américains, les Bruce Lee. Après un sport-étude natation dont il tire sa musculature longue et svelte, Sami Bouajila passe un CAP de tourneur sans conviction. Il sera objecteur de conscience à Grenoble. Il finit enfin par trouver sa voie au théâtre, « un peu par hasard ». « Sur le plateau, je savais que j’étais à ma place, que c’était un endroit où il fallait s’exprimer, se construire, grandir, se décloisonner, se décomplexer. C’est par le théâtre que j’ai ressenti ça le plus fort », confiait-il aux Inrocks.
Un fils est un film dramatique co-produit par la Tunisie, la France, le Qatar et le Liban est sorti en salle dès 2019.
>> Lire aussi : César 2021 : les nominations viennent de tomber
Synopsis : Farès et Meriem forment avec Aziz, leur fils de 9 ans, une famille tunisienne moderne issue d’un milieu privilégié. Lors d’une virée dans le sud de la Tunisie, leur voiture est prise pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé.
Traitant notamment des thématiques sociétales de l’adultère et de la paternité, le film aborde aussi d’autres questions sociales complexes telles que le rapport à la corruption et au don d’organe.