Maroc. Faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques

 Maroc. Faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques

La Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEFP) relevant du Ministère des Finances du Maroc et ONU Femmes, viennent de publier l’étude relative aux « Coûts économiques des inégalités de genre dans le marché du travail au Maroc ». Le rapport révèle qu’il reste encore plusieurs défis à relever. 

L’étude rappelle que le Maroc a engagé depuis 20 ans une dynamique continue pour la promotion de l’égalité de genre qui a donné naissance à plusieurs réformes. En dépit de ces avancées, il reste encore plusieurs défis à relever, notamment ceux liés « à la faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques, induisant des pertes en points de croissance sous l’effet de la sous-utilisation de l’ensemble de potentialités humaines dont dispose le Maroc ». 

Un taux des plus faibles au monde

Sur ce plan, le rapport fait ressortir que le Maroc dispose de réserves potentielles de croissance économique importante s’il réussit une stratégie de réduction des écarts de genre, en termes d’accès à l’activité. Le Maroc, au même titre que les pays de la région MENA, connaît un taux de participation des femmes au marché du travail des plus faibles dans le monde à 21.5% (entre 20% et 30% en 2019 pour cette région, contre 40% en Asie et 55% en Amérique latine et Afrique subsaharienne). Ces taux sont supérieurs à 70% dans la majorité des pays avancés. 

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Tendance à la baisse depuis 2000

Le Haut Commissariat au Plan (HCP) indique qu’au Maroc, les taux d’activité pour les femmes s’établit en 2019 à 21.5% contre 71% pour les hommes, et le taux d’emploi à 18.6% contre 65/5% pour les hommes. Et ce qui est inquiétant, c’est la tendance enregistrée depuis 2000 avec une réduction de 24% des taux d’activité, alors qu’ils n’ont baissé que de 4% pour les hommes. 

4.1% de salariées

Compte tenu du poids du secteur agricole dans l’économie, le taux d’activité des femmes est de 40% dans le milieu rural. En ce qui concerne l’emploi féminin dans le milieu urbain, la part des services a connu une forte progression passant de 54.1% en 1999 à 71% en 2019. La structure de l’emploi indique que 33% des femmes marocaines actives occupées en 2019 sont des aides familiales et apprenties. 4.1% d’entre elles sont des salariées et près de 15%  ont le statut d’indépendantes. 

Les principaux obstacles à l’inégalité sur le marché du travail

L’étude s’est aussi intéressée aux facteurs expliquant la faible participation des femmes au marché du travail au Maroc. Il en ressort plusieurs obstacles, dont les principaux sont : 

  • Les contraintes familiales et notamment le nombre d’enfants à charge qui minent les femmes à intégrer le marché du travail pour trouver des revenus additionnels
  • L’effet de l’éducation quant on sait que l’abandon scolaire touche plus les filles que les garçons
  • Les normes liées au genre et le cadre juridique

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« Une réduction complète de l’écart d’emploi induirait une hausse du PIB par habitant de 39.5 »

Les chercheurs ont pu démontrer à travers une modélisation appropriée, les liens entre l’emploi féminin, le PIB par habitant, la natalité et l’éducation. 

Le modèle fait ressortir « qu’une réduction complète de l’écart d’emploi entre les femmes et les hommes, en éliminant les barrières à l’activité des femmes y compris celles liées à l’éducation, induirait une hausse du PIB par habitant de 39.5%. La progression du PIB par habitant serait de 22.8% en procédant uniquement à l’élimination des barrières à l’activité des femmes sans prendre en compte celles empêchant un accès équitable des jeunes filles et des femmes à l’éducation ». 

Acteurs de l’étude

réalisée conjointement en partenariat avec le Centre d’Excellence pour la Budgétarisation Sensible (CE-BSG), avec l’appui de l’Agence Française de Développement et de l’UE. Les résultats de cette étude ont été présentés lors d’un webinaire. Elle a été réalisée par Olivier Bourgain, professeur à l’Université de Bordeaux et Maria Lo Bue, chercheuse à l’Université des Nations Unies (UNU-WIDER) et le coordination de l’ouvrage a été assuré par Zineb Bouba et Bouameur Ragbi de la DEPF et Sofie Lambert, Sacha Belle-Clot et Hasna Boulasri de ONU Femmes Maroc.

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