Migration : 80 familles expulsées malgré la situation sanitaire
Malgré la pandémie, 80 familles ont été expulsées d’un squat solidaire près de Bordeaux (Cenon). Les associations dénoncent un refus de dialogue de la part de la préfecture.
Sans dialogue
Le 11 février, 80 familles (albanaises et géorgiennes notamment) ont été expulsées d’un squat solidaire à Cenon, près de Bordeaux. Une expulsion incompréhensible à plus d’un titre pour les associations (Médecins du Monde, Fondation Abbé Pierre et CNDH Romeurope).
Les services sociaux connaissaient la situation administrative des familles expulsées « depuis des mois », selon les associations qui les soutiennent. Celles-ci dénoncent l’absence de prise en compte de la scolarisation des enfants. Elles déplorent aussi la non-implantation des parents dans le marché du travail, par la préfecture. Les soutiens reprochent à cette dernière son refus manifeste « de mettre en œuvre une stratégie locale et concertée à la fois avec les élu·e·s, les associations et les personnes concernées ».
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Hébergements lointains
Parmi les expulsés, certains sont désormais à la rue et d’autres se sont vus proposer des solutions d’hébergement. Cependant, ces relogements sont « parfois à près de 300 kilomètres » (Limoges, Guéret, Angoulême…) indiquent les associations. Elles regrettent que le semblant de stabilité, notamment pour la scolarisation des 110 enfants vivant dans le squat solidaire, soit ainsi brisée. « 56 personnes ont accepté les solutions d’hébergement que nous leur proposions et sont montées dans les bus pour y être amenées. Les services ont mené cette opération pendant les vacances ». Ce, afin que la prise en charge des enfants scolarisés se fasse correctement « sous l’autorité des Dasen*, d’ici la rentrée », se défend l’autorité préfectorale (Le Populaire du Centre – 16/02). Les soutiens précisent que la décision du tribunal était connue depuis janvier 2020.
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Urgence sanitaire
Au regard de la situation sanitaire et des effets de la pandémie, début février le gouvernement annonçait que la trêve hivernale des expulsions locatives prendrait fin le 1er juin, au lieu du 1er avril en temps normal. La préfecture précise que la trêve hivernale n’était pas applicable au squat solidaire. Toutefois, les associations s’étonnent que, malgré un système d’hébergement saturé à cause de la situation sanitaire et de la récente vague de froid, les autorités aient expulsé ces familles. Et ce, sans concertation. Les soutiens demandent au gouvernement de faire cesser ses expulsions, par la force et sans discussion préalable. Elles exigent le respect des droits des personnes vivant dans les squats, bidonvilles ou habitats précaires.
*Dasen : Directeurs académiques des services de l’éducation nationale (NDLR)
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