Tunisie. Des manifestants réclament la dépénalisation du cannabis

 Tunisie. Des manifestants réclament la dépénalisation du cannabis

Tunis – Des manifestants se sont rassemblés ce weekend, Place des droits de l’Homme et Avenue Habib Bourguiba, pour réclamer la libération de personnes condamnées dans des affaires de consommation de cannabis au Kef et ailleurs. Jugées extrêmement sévères, les peines en question ravivent ce débat de société récurrent en Tunisie.

Le tribunal du Kef avait pour rappel condamné à pas moins de 30 ans de prison trois jeunes et à 5 ans un quatrième, pour détention et de consommation de cannabis dans un établissement public, en l’occurrence un stade de football.

 

Transformées ponctuellement en émeutes, les manifestations animées essentiellement par des jeunes et une partie de la gauche tunisienne ont duré plusieurs heures. Fait inédit, si des affrontements sporadiques ont émaillé les manifs, les forces de police avaient visiblement reçu des instructions les appelant à la retenue face aux provocations. Un stoïcisme qui a donné lieu à quelques scènes immortalisées par des images similaires aux escarmouches gauche anar’ VS police davantage observées d’ordinaires en Occident.

Politiquement, cette escalade dans la rue tunisienne intervient à un timing où la coalition gouvernementale, déjà aux prises avec l’institution de la présidence de la République et contestée dans sa gestion de la crise liée au Covid, n’a pas vraiment le droit à l’erreur. Parmi les demandes des manifestants dont certaines faisaient écho à celles de la révolution de 2011, la libération des personnes arrêtées par ailleurs lors des récents mouvements sociaux.

Déployée le long de l’Avenue Habib Bourguiba bouclée, interdite y compris aux piétons, la police anti émeutes a empêché les manifestants, non sans retenue, d’avancer vers le siège du ministère de l’Intérieur, symbole autoritaire à vol d’oiseau du lieu du départ de la marche.

Une source du collectif de défense des quatre condamnés dans une affaire de détention de stupéfiants, au Kef, avait déclaré que le collectif, qui a pris part à cette manifestation, réclame le gel des peines privatives de liberté dans les affaires de drogues douces dont le cannabis, ainsi que la libération de l’ensemble des condamnés dans ces affaires jusqu’à l’amendement des lois en vigueur, notamment le célèbre article 52 de la loi pénale.