Après le café, le Livre suspendu, un concept inédit au Maroc qui fait des émules
Le livre suspendu est adopté par une librairie à Tanger et le concept de se répandre dans tout le Maroc. A l’origine, c’est l’histoire d’un café offert anonymement…
C’est un mouvement de solidarité qui a fait le tour du monde. Il a démarré à Naples en Italie. C’est ce qu’on appelle communément le café suspendu. Cela consiste à offrir un café à une personne démunie. Le principe est le même pour la baguette suspendue. Acheter deux baguettes et l’une d’elle sera offerte à une personne en situation précaire.
Une libraire de Tanger, Stéphanie Gaou, a adopté ce concept généreux en le dupliquant dans le domaine des livres. Des clients de toutes les régions du Maroc, laissent ou envoient de l’argent à la librairie. Leurs dons servent à offrir des livres à des lecteurs qui n’ont pas suffisamment de moyens pour en acheter autant qu’ils le souhaitent. Les livres offerts sont donc payés par ces clients-donateurs anonymes.
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Un cercle vertueux qui a essaimé dans d’autres villes du pays. Deux librairies à Marrakech et à Agadir ont adopté le même système. L’initiatrice du mouvement, Stéphanie Gaou, se dit heureuse « parce qu’elle aime l’humain et qu’elle reçoit en contrepartie du bonheur de voir des gens heureux de recevoir des livres en cadeaux. » Comblée également de transmettre son rêve et le goût du livre.
Des lecteurs parrainés par des donateurs anonymes
Hassen est un amoureux de la littérature. Devenu jeune professeur de français dans une école du Rif marocain, il visite la librairie solidaire de Tanger régulièrement, les yeux pétillant de joie. Il fut l’un des premiers à recevoir des ouvrages offerts. Mohamed, guide touristique à la Médina de Tanger, vient de recevoir le roman « Le Pain nu » en version française, de l’auteur marocain Mohamed Choukri. Abdou, de son côté, sera parrainé par une donatrice Casablancaise.
Les donateurs sont contents, les bénéficiaires sont submergés par l’émotion et la libraire est heureuse d’être un peu la « mère Noël » du Livre. Chez Stéphanie, le succès est immédiat et les livres ne cessent de s’accumuler. Elle développe alors le concept et commence à proposer ses livres aux associations. C’est le tour aujourd’hui de la ferme pédagogique. Au milieu d’un potager verdoyant, un bus converti en bibliobus reçoit des ouvrages destinés aux 60 enfants bénéficiaires de soutien scolaire. Le grand public en visite à la ferme, le Week-end, n’est pas en reste non plus. Il y en a pour tous les goûts.
Dans le cadre de cette heureuse dynamique, l’Institut français du Maroc a offert 9 mille euros aux trois librairies du pays qui promeuvent cette action solidaire. Le livre suspendu. Initiative généreuse et louable à reproduire donc à loisir !