Violente interpellation de Idriss Sihamedi, président de l’ONG Baraka City
La police a violemment perquisitionné le domicile du président de l’ONG islamique Baraka City, Idriss Sihamedi mercredi matin. Le responsable associatif a quitté son domicile menottes aux poignets. Les manifestations de soutien se multiplient ces dernières heures.
La perquisition a eu lieu à l’aube ce mercredi en plein retour de l’islam dans le débat public français. Selon plusieurs sources Idriss Sihamedi et sa famille ont été violentés et leur domicile saccagé par l’intervention policière. « Des lits retournés, table cassée, paniers et linge retourné », tweete l’ONG Baraka City, photos à l’appui.
Les forces de l’ordre n’ont pas épargné la femme et les enfants du responsable associatif. Sa compagne n’a même pas pu s’habiller et habiller son fils de 4 ans, ajoute le témoignage. Un policier est allé jusqu’à insulter et menotter Mme Sihamedi devant son enfant. Les trois autres enfants « ont été priés de lever les mains », ajoute le tweet.
Un policier a par ailleurs violemment « plaqué la tête contre le carrelage (de M. Sihamedi) alors qu’il ne résistait pas et coopérait ». L’homme est actuellement en garde à vue, alors que la perquisition s’est poursuivie au siège de Baraka City. L’ONG a annoncé en début de soirée le maintien de son dirigeant en garde à vue pour la nuit.
Le dirigeant fait face à des accusations de « harcèlement moral » et de « vol de documents » d’après son avocat. Maître Samim Bolaky accuse sur Twitter la police d’avoir commis des violences sur son client.
Bras de fer
Ces accusations interviennent après la dénonciation en septembre par Idriss Sihamedi de la duplicité de la chroniqueuse Zohra Bitan et l’ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui. Deux personnalités s’en prennent régulièrement à la communauté musulmane dans leurs médias respectifs.
Pour Baraka City, ce déchaînement de violence signifie que « La chasse aux musulmans est lancée ». L’ONG pointe en effet la concomitance entre la perquisition et le lancement par Emmanuel Macron de son offensive contre « les séparatismes ». Par ailleurs, le 28 septembre, Idriss Sihamedi annonçait avoir déposé deux plaintes pour « dénonciation calomnieuse et discrimination » contre le ministre de l’Intérieur.
« Islamophobie d’État »
Sur les réseaux sociaux, les hashtags « #SoutienBarakacity et #SoutienIdrissSihamedi » font partie des sujets les plus discutés de France. La journaliste Sihame Assbague rappelle que les locaux de Baraka City ont déjà été perquisitionnés en février et novembre 2015, puis en mai 2017. Chaque fois, « cela n’a RIEN donné », précise-t-elle sur Twitter. La justice a d’ailleurs classé sans suites en 2019 l’enquête pour « financement du terrorisme ».
« Le message du gouvernement est de plus en plus clair : il s’agit de faire des démonstrations de force, et de violenter des familles avec une arme plus redoutable que la matraque : l’humiliation », a tweeté le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF). L’organisation rappelle que plus de 4000 familles ont subi pareille humiliation depuis les attentats de l’année 2015.
Le CCIF s’insurge contre ce qu’il qualifie « d’islamophobie d’État ». « Contre la violence et le fascisme, nous opposerons la paix, la protection des libertés et la justice », ajoute-t-il.