Recrudescence du Covid19 : quel rôle a joué l’ouverture des frontières ?
Le ministère de la Santé annonce aujourd’hui mercredi dans son bulletin quotidien que 5581 tests réalisés les 21 et 22 septembre 2020 ont révélé la contamination de 1219 personnes par le coronavirus (21,84%), portant le bilan à 12479 cas confirmés. Alors que des voix s’élèvent pour refermer les frontières du pays, certains experts estiment que leur ouverture ne fut pas déterminante dans cette résurgence pandémique Covid19.
Eminent spécialiste, cardiologue à l’hôpital militaire de Tunis, le docteur Dhaker Lahidheb a déclaré la veille que la décision politique de rouvrir les frontières « ne constitue pas en elle-même la cause essentielle de propagation du virus en Tunisie ». « L’erreur était de classer les pays comme l’Italie et la France dans la liste verte », concède en revanche le médecin.
Les ressortissants tunisiens et les étrangers arrivés en provenance de ces deux pays n’ont en effet pas été contraints dans un premier temps au confinement obligatoire, ni d’effectuer un test de dépistage avant leur arrivée au pays. « Ces personnes se sont déplacées librement dans le pays, ont assisté à des cérémonies de mariages, et se sont mélangés aux Tunisiens dans les cafés et autres lieux publics », rappelle-t-il.
Lahidheb ajoute dans sa déclaration sur les ondes d’Express FM qu’il va falloir désormais agir vite, le mois d’octobre pouvant être crucial dans l’évolution d’une situation déjà préoccupante. « C’est une course contre la montre », dit-il. Il souligne qu’il existe d’autres solutions que d’appliquer un confinement sanitaire total. Il prend comme exemple le cas d’El-Hamma, Gabès, ou l’on a agi de sorte de limiter la propagation du virus via la mise en place d’une stratégie de confinement basée sur le dépistage rapide et l’aménagement d’espaces dédiés.
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« Un patient est potentiellement porteur de deux virus »
La porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya, a quant à elle indiqué que s’agissant de la vaccination contre la grippe saisonnière, le ministère de la Santé appelle particulièrement à se faire vacciner cette année. Elle précise néanmoins que ce vaccin protège contre la grippe saisonnière et non contre le coronavirus. « Cela dit la vaccination contre la grippe peut faciliter le travail pour les équipes médicales » explique-t-elle.
Ben Alaya insiste par ailleurs sur le fait qu’il soit « possible qu’un patient porte deux virus distincts : celui de la grippe et celui de la Covid-19 », ce qui compliquerait la rémission, d’où l’importance de se faire vacciner contre la grippe saisonnière, dès début octobre.
Selon la même source, 10 décès supplémentaires ont en outre été enregistrés en Tunisie, portant le bilan à 174 morts du coronavirus. 256 malades atteints du Coronavirus sont actuellement hospitalisés, dont 72 sont admis en soins intensifs et 26 placés sous respirateurs artificiels.
Au total, le pays compte 9938 porteurs actifs. Nissaf Ben Alaya a par conséquent évoqué la possibilité d’instaurer un couvre-feu dans les régions qui connaissent une augmentation substantielle du nombre de contaminations.