Quand l’« ensauvagement de la société » fait débat au gouvernement
Deux ministres, deux conceptions. Gérald Darmanin n’hésite pas à employer le terme d’ »ensauvagement » de la société ». Quant à Eric Dupond-Moretti, lui, estime qu’il est populiste et de l’ordre du fantasme.
« Non, il n’y a pas d’ensauvagement de la société ». Eric Dupond-Moretti dénonce la surenchère de celles et ceux qui utilisent ce terme pour qualifier la montée de violences observée en France.
Selon le ministre de la Justice, à l’antenne d’Europe 1 ce mardi matin, cette expression développe « le sentiment d’insécurité qui est pire que l’insécurité elle-même » et qui est, selon lui, « de l’ordre du fantasme. Il faut s’adresser à l’intelligence des Français et pas à leurs bas instincts », a-t-il ajouté.
Eric Dupond-Moretti a rappelé le contexte de crise dans lequel se trouve la France, terrain de jeu favori des « discours populistes », de « la surenchère, ceux qui en rajoutent en permanence ».
Débat lexical
De son côté, fin juillet, dans les colonnes du Figaro, Gérald Darmanin considérait qu’ « il faut stopper l’ensauvagement d’une partie de la société ».
Le ministre de l’Intérieur reprend ainsi un terme cher à l’extrême droite et très utilisé par l’ensemble de la droite traditionnelle.
Le Premier ministre, Jean Castex, n’a de son côté, pas souhaité reprendre à son compte l’expression alors que pour Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, « c’est le rôle du ministre de l’Intérieur d’avoir des mots forts et d’être offensif ».
Ce débat lexical au sein du gouvernement a été ravivé alors qu’un multirécidiviste, libéré en 2016, vient d’être mis en examen pour le viol et le meurtre d’une adolescente à Nantes.