Tunisie : 133 mille candidats passent le baccalauréat 2020
Bac 2020 : Plus de 133 mille élèves entament aujourd’hui mercredi les épreuves écrites de la session principale du baccalauréat 2019 – 2020 en Tunisie, un concours très spécial. Un protocole sanitaire très stricte y prévaut, engagé par le ministère de l’Education dans le cadre des mesures de lutte contre la pandémie de Coronavirus. Reportage.
« Faire contre mauvaise fortune bon cœur ! ». Cela pourrait être le slogan placardé dans les salles de classe, tant cette année 2020 est celle de toutes les exceptions. Etant parmi les rares élèves mobilisés en ce mois de canicule, les candidats s’en souviendront en effet comme l’année où confinement et incertitude ont grandement perturbé leur préparation en vue de décrocher le sésame.
« Je sais que ce bout de papier ne vaut quasiment plus rien. Cela dit faire partie de « la promotion des champions » me motive encore plus que le concours en lui-même ! », nous confie Ahmed, 18 ans, la veille du grand jour. Une allusion à l’appellation spécifique dont on qualifie désormais de façon bon enfant cette génération qui aura connu un baccalauréat et une année scolaire à rebondissements.
« Au moins on ne pourra pas dire qu’on a triché ! », plaisante-t-il, réagissant à la limitation par le ministère de l’Education du nombre d’élèves qui passeront les épreuves écrites à 12 élèves par salle, de sorte de permettre un espacement conséquent des pupitres d’examen.
Des autorités sur la défensive
Côté ministère de tutelle, Mohamed Hamdi, investi ministre de l’Education nationale depuis à peine 5 mois, donne lui-même l’impression de naviguer à vue. Ancien professeur de philosophie, il inspecte aujourd’hui dans les filières littéraires la discipline qu’il a longtemps enseignée dans un lycée de Médenine, dans le sud tunisien.
« Non, le bac 2020 ne sera pas une année archi facile, comme on a pu l’entendre ici et là. Jamais nous ne braderons nos diplômes nationaux. Pas question de les falsifier ! », se défend-il avec véhémence face aux soupçons de nombreux analystes pour qui il existe une volonté politique cette année de compenser les mois d’interruption des cours, par un barème plutôt clément.
Pour le quadragénaire, l’essentiel est d’avoir évité les deux pires scénarios : l’année blanche, et le passage automatique au supérieur.
Beaucoup plus de candidates que de candidats
Lors d’un point de presse tenu mardi, le directeur des examens au ministère de l’Education, Mohamed Mili, a quant à lui indiqué que le nombre total des candidats au baccalauréat cette année est réparti entre environ 106.802 candidats inscrits dans les établissements publics et près de 20 mille dans des établissements privés. Les candidats libres seront au nombre de 6684, dont les candidats incarcérés.
Fait marquant, la session 2020 enregistre une nette augmentation du nombre de candidatures féminines, avec 79.577 élèves, contre 53.866 candidats masculins, révèle la même source. Une statistique qui illustre le décrochage scolaire de plus en plus précoce des jeunes hommes.
Mili a par ailleurs indiqué que la session principale du bac 2020 enregistre une légère diminution du nombre de candidats inscrits dans des établissements publics par rapport à l’année précédente. Le nombre de candidats dans les lycées publics diminue ainsi de 107.517, à 106.802 candidats.
Confiance accrue accordée au système éducatif privé
Ostensible hausse en revanche côté nombre de candidats inscrits dans des établissements privés, qui est passé de 18.583 lors de l’examen de l’année dernière à 19.957 candidats cette année. En soi, cela constitue un indicateur quant à la désaffection et de la défiance toujours plus grandes des familles les plus aisées à l’égard du système éducatif public.
Le nombre de candidats individuels a en outre lui aussi augmenté pour passer à 6684 candidats durant cette session contre 5807 lors de l’année précédente.
Cette année, le mot d’ordre sera donc la sécurité avant tout, nous assure-t-on. Au moment où l’on observe une hausse inédite des contaminations en Tunisie depuis la réouverture des frontières, « le respect de la distanciation physique de manière à assurer la protection de la famille éducative et des élèves » est le credo officiel communiqué par les autorités aux parents d’élèves.
Pour ce faire, 86 nouveaux centres d’examen ont été réquisitionnés, pour atteindre 1159 centres contre 1073 l’année précédente.
