Arrivée du président Kaïs Saïed à Paris

 Arrivée du président Kaïs Saïed à Paris

Le président de la République tunisienne Kaïs Saïed est arrivé à Paris en fin d’après-midi où il fut accueilli à sa descente de l’avion Tunisair par Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. En début de soirée, il fut reçu par son homologue Emmanuel Macron à l’Elysée. 

Le chef de l’Etat Kaïs Saïed effectue une visite de travail et d’amitié de deux jours en France. Il s’agit de sa deuxième visite officielle à l’étranger après l’Algérie. Tout un symbole.

« Beaucoup s’interrogeaient sur le premier voyage en Europe de Kaïs Saïed : Bruxelles, Berlin ou Paris ? Élu en octobre dernier sur la base d’une politique tournée vers les pays arabes, le président tunisien s’ancre finalement dans la tradition diplomatique de son pays[…] Un voyage important pour les relations bilatérales avec son premier partenaire économique, mais aussi pour la politique intérieure tunisienne, Kaïs Saïed devant prouver qu’il est le maître de la diplomatie tunisienne alors que le président du Parlement, l’islamiste Rached Ghannouchi (Ennahdha), semble marcher sur ses plates-bandes », constate aujourd’hui Le Figaro.

Allusion à une passe d’armes, fin mai dernier, qui avait nécessité un recadrage du président Saïed : « Que chacun sache que l’État tunisien est un et indivisible, et qu’il a un seul et même président à l’intérieur comme à l’étranger », avait-il fermement averti, au moment où Ghannouchi improvisait une forme de diplomatie parlementaire vis-à-vis de la Libye.

Lors de la campagne électorale présidentielle d’octobre 2019, Kaïs Saïed avait laissé entendre que sa politique étrangère s’orienterait vers les pays arabes, le conflit israélo- palestinien étant au cœur de ses discours. Il a donc surpris opinion, médias nationaux, et internationaux, en acceptant d’emblée dès le 5 juin, l’invitation du président Macron. Ce dernier a eu un tête-à-tête avec lui ce soir, avant une conférence conjointe.

Questions protocolaires

Premiers échos de la visite sur les réseaux sociaux, l’image d’un Kaïs Saïed accueilli par Le Drian, sans tapis rouge, a provoqué l’indignation de certains internautes. « Inadmissible », « étrange », « indigne »… peut-on ainsi lire ici et là. Mais cela relève davantage d’une méconnaissance du protocole en vigueur en France que d’une indignation justifiée.

Car il s’agit en l’occurrence non pas d’une visite d’Etat (rang plus élevé comprenant des délégations et parfois des durées plus conséquentes) mais d’une « visite de travail et d’amitié », comme l’indiquent les ambassades des deux pays ainsi que les sites des deux présidences respectives.

En pareille occasion, les présidents de la République français reçoivent en règle générale à l’Elysée, sans se rendre à l’aéroport, ce qui peut certes trancher avec le faste protocolaire de certains autres pays. Rien d’inhabituel donc.

Par ailleurs les autorités françaises n’envoient que rarement des personnalités dont le rang est supérieur à un ambassadeur, un secrétaire d’Etat ou un ministre, à l’accueil des hôtes de la France quel qu’en soit le rang, sauf initiative personnelle. Or, Jean-Yves Le Drian, ministre régalien de l’Europe et des Affaires étrangères est hiérarchiquement la deuxième personnalité gouvernementale après Edouard Philippe.

Notons enfin qu’il s’agit là de la première réception officielle avec dîner à l’Elysée accordée par l’exécutif français depuis l’assouplissement des mesures de déconfinement post pandémie Covid-19. Nous y reviendrons avec plus de détails sur le contenu des nouveaux accords de coopération entre les deux pays.

 

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