Bloquée au Maroc, Mounia Magueri, alias Chakib Ousfour, ne rigole plus

 Bloquée au Maroc, Mounia Magueri, alias Chakib Ousfour, ne rigole plus

Monia Magueri (youtube/Illiweb)

Depuis 3 mois, des milliers de Français (pour l’essentiel binationaux) sont encore bloqués au Maroc. Le rapatriement qui devait permettre leur retour en France tarde à venir. La comédienne, youtubeuse (Chakib Ousfour) et aide sociale pour les femmes battues à Sens, Mounia Magueri part au Maroc le 10 mars pour 6 jours. Elle vient faire voir son nourrisson à son père, qui a des obligations professionnelles au Royaume. Elle laisse son ainé avec son premier mari, sans se douter que le calvaire va durer 3 mois.

D’ordinaire, Mounia Magueri est d’une nature joyeuse et entrainante. Celle qui a joué dans plusieurs films et téléfilms marocains, s’est fait connaître du grand public pour ses personnages délirants, tels que Chakib Ousfour, Abir et les autres. De plus, elle mène dans la ville de Sens, un combat pour les femmes battues et en difficulté. Tout est à l’arrêt depuis la fermeture des frontières.

Venu le 10 mars au Royaume avec son nourisson

En effet, depuis 3 mois, Mounia Magueri vit un véritable calvaire. Celle qui vient d’accoucher d’un petit garçon au mois de janvier 2020 est bloquée au Maroc. « Le père de mon fils n’avait pas eu le temps de rester avec nous car il devait travailler au Maroc. Le 10 mars, je suis venu au Maroc pour que mon enfant puisse avoir un lien avec son père. »

Le séjour devait durer une semaine. Elle laisse son enfant d’une dizaine d’années d’un premier mariage avec son père à Sens. « Nous sommes en garde alternée, indique la quarantenaire. Mon mari a laissé aussi un enfant de son premier mariage également. J’avais pris le strict nécessaire pour mon enfant et moi, ne me doutant pas que cette situation allait perdurer »

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Après la fermeture des frontières, elle s’inscrit auprès de l’ambassade et sur la plateforme Ariane pour demander son rapatriement. « Il y avait un grand flou. On s’est inscrit tous les trois. Je pensais que l’ambassade ferait le nécessaire. L’Ambassade m’a appelé une fois. »

Le rapatriement s’opère au compte-goutte, laissant un goût amer à tous les binationaux bloqués au Maroc. « On m’indique que la nationalité marocaine prime sur la française quand on est au Royaume. J’ai pris mon mal en patience en pensant que cela allait se décanter. »

« Je capte un mot sur 2 de ce que me dit mon fils »

Très émue, elle ne comprend pas que sa situation ne se débloque pas alors qu’elle a des obligations familiales pour son fils, en garde alternée. « C’est très difficile. J’ai l’impression de vivre une guerre sans la vivre. On parle avec mon fils par visioconférence. Je capte un mot sur 2. Mon fils ne me voit pas que par intermittence et ne voit pas son frère. »

Au bord des larmes, elle rappelle son lien avec son fils. « C’est important pour moi. On vit un moment historique. Il vit une histoire avec sa mère par tlééphone. C’est très compliqué. »

Travailler pour les femmes battues, n’est pas « utile »

Présidente de l’association Asia à Sens qui vient en aide aux femmes battues et victimes de violences, elle ne peut plus mener sa mission. « Je fais partie d’une association d’accompagnement des victimes qui ne parlent pas ou peu le Français. Avec le confinement, on constate une hause des violences conjugales. D’autres structures de la ville prennent le relais pour le moment mais les dossiers de subventions attendent. » Quand elle en parle aux autorités françaises, elle a l’impression que ce n’est pas « important ou utile. »

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Auprès d’un groupe de personnes bloquées au Maroc sur Facebook, elle se fait aider et se tient informé. « On écrit des emails. On nous demande plein de documents à scanner alors que l’on a pas d’ordinateur. J’ai bon espoir de pouvoir rentrer par le vol du 19 juin car les 140 premiers inscrits auront la place. »

« Je vois mal mon fils trimballer d’une maison à l’autre »

Si elle ne perd pas espoir, elle indique qu’il « faut qu’elle rentre car son fils se retrouve seul. Son père doit partir travailler. Je vois mal mon fils trimballer d’une maison à l’autre avec un sac à dos, son pyjama et sa brosse à dents. »

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Comprenant que des cas prioritaires passent avant elle, elle estime que sa patience est importante. Aussi, elle demande que toutes les personnes qui s’occupent des rapatriements des personnes bloquées agissent. Elle en appelle au ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au député de la circonscription du Maroc, M’jid Guerrab, à celui de Sens et à tout le personnel chargé des rapatriement de faire au mieux. « On comprend que c’est une crise mondiale mais on demande que ca se débloque. »

Dorénavant, si elle retient une leçon de sa péripétie de bloquée au Maroc, c’est de ne « jamais voyager sans ses enfants. Je les mettrais dans ma valise s’il le faut. »

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