#Covid19Palestine : pour montrer sa solidarité aux Palestiniens
Les militants de la campagne BDS France* ont lancé il y a quelques jours l’initiative #Covid19Palestine. Chacun est invité à se prendre en photo avec un message de solidarité envers le peuple palestinien, puis de la publier sur Facebook et/ou twitter. Imen Habib, de l'équipe d'animation de la campagne, nous explique le pourquoi d’une telle initiative.
LCDL : Vous avez lancé l’initiative #Covid19Palestine…
Imen Habib : Oui. On a lancé l’appel #Covid19Palestine pour montrer au peuple palestinien que nous ne les oublions pas en ces moments difficiles, et que nous continuons de co-résister à leurs cotés, pour un monde plus juste et solidaire. En cette triste période de pandémie mondiale, le régime israélien continue d'attaquer quotidiennement les Palestinien-ne-s qui cherchent comme tout le monde à se protéger contre le Covid-19, que ce soit en Cisjordanie occupée ou à Gaza.
L'attention dans nos médias dominants est focalisée sur ce qui se passe en Europe, et c'est très important, mais les Palestinien-ne-s, attaqué-e-s en période de pandémie ont comme tous les autres peuples le droit fondamental à la dignité.
Notre initiative est toujours en cours, on a reçu près d'une centaine de photos et on invite vraiment tout le monde à continuer à publier des messages de solidarité avec ce hashtag #Covid19Palestine.
En quoi l'épidémie du Coronavirus rend encore plus difficile la vie à Gaza ?
Gaza est assiégée depuis 13 ans maintenant. Ces 13 ans de blocus inhumain ont considérablement fragilisé le système de santé. Un exemple : il y a 2 millions d'habitant-e-s à Gaza et il y a seulement 60 respirateurs. A partir de ces simples chiffres, on peut mesurer la nature du problème.
Ce blocus était déjà criminel, mais il peut être fatalement tragique si l’épidémie continue à se développer à Gaza. On le sait, dans ce territoire parmi les plus surpeuplés au monde, aucune distanciation sociale n'est possible.
Plus de 90% de l'eau n'est pas potable. L'électricité n'est disponible que quelques heures par jour à Gaza. C'est pourquoi, il y a en ce moment de nombreux appels pour demander la levée immédiate du blocus de Gaza.
Vous craignez aussi pour les Palestiniens détenus en Israël…
Oui. Un peu plus de 5 000 prisonniers et prisonnières palestinien-ne-s sont enfermé-e-s dans des cellules insalubres. Beaucoup ont une santé fragile et leur situation se détériore avec le Covid-19. Il faut savoir, et ceci s'ajoute à l'injustice de leur situation, que les prisonnier-e-s politiques palestiniens-ne-s sont enfermé-e-s sous le régime arbitraire de la détention administrative, détenue-e-s indéfiniment, sans preuve ni jugement.
Aussi, selon les derniers chiffres annoncés, à la fin décembre 2019, 186 enfants palestiniens étaient détenus dans les prisons israéliennes.
Comment se passe la continuité du travail de la Campagne BDS dans ce contexte ?
Nous sommes aussi très investi-e-s dans la campagne contre PUMA, qui sponsorise la fédération israélienne de football, qui affilie 6 clubs dans les colonies israéliennes. Il va y avoir une journée de mobilisation en ligne le 4 mai prochain, l'appel à action sera très prochainement publié sur le site de la campagne (www.bdsfrance.org). Il va y avoir également des initiatives en ligne en direction de l'assureur AXA, qui continue encore de financer entre autres 5 banques israéliennes, qui sont, rappelons-le, les piliers de l'occupation illégale des territoires palestiniens.
Il y a eu une bonne nouvelle dernièrement pour BDS…
Oui. A l'échelle internationale, on vient d'apprendre que Microsoft cédait sa participation dans la société israélienne de reconnaissance visuelle AnyVision. Cette décision fait suite à un audit qui avait été provoqué par une campagne BDS ciblant la société. Il avait été souligné que la technologie de reconnaissance visuelle d’AnyVision était utilisée pour espionner les Palestiniens en Cisjordanie.
* En 2005, des militants propalestiniens lancent à travers le monde un appel au « boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël ». Le mouvement, inspiré du boycott de l’Afrique du Sud dans les années 1980 et appelé « BDS », s’oppose à l’occupation israélienne par des appels répétés au boycott de compagnies israéliennes et étrangères opérant dans les colonies israéliennes ou dans les territoires occupés. En France, le mouvement s’est lancé en 2009, après la guerre de Gaza.