Pas de prière collective pour l’Aïd El Fitr en Tunisie
Le mufti de la République, Othman Battikh, a déclaré mardi 19 mai que la prière collective de l’Aid El Fitr « pourra être accomplie chez soi », de sorte de prévenir une deuxième vague du Coronavirus. Pendant ce temps, les efforts gouvernementaux en la matière contrastent avec le mépris affiché par la présidence de la République à l’égard des mesures de distanciation sociale.
Dans un communiqué publié par l’Office de l’Ifta (Diwan Al-Ifta), il est ainsi rappelé un précepte islamique pour appuyer cette recommandation : la prière collective de l’Aïd, qui rassemble en temps normal des milliers de fidèles chaque année, « peut être effectuée à domicile, si pour une raison quelconque, le fidèle arrive en retard à la mosquée, ou qu’il ne soit pas possible d’accomplir la prière collective pour une justification valable », telle que la crainte en l’occurrence de contracter une maladie ou de pâtir d’une épidémie semblable à celle du Coronavirus.
« Préserver la santé est l’une des obligations majeures de l’Islam », peut-on également lire dans la publication du mufti de la République pour expliquer au renoncement de la prière collective.
>>Lire aussi : Aïd el-Fitr en Tunisie : Les vœux très politiques du président Kais Saïed
Dix mille usagers de la justice ont bénéficié du suivi des affaires à distance
Autre aspect de l’effort national, toujours en vigueur, pour juguler la propagation Covid-19 en cette période de début de déconfinement, la ministre de la Justice, Thouraya Jeribi, a affirmé toujours mardi qu’au moins 10 mille usagers de la justice ont bénéficié, en 15 jours, du service mis en place pour le suivi des affaires à distance, par vidéo conférence, suite à la suspension des activités dans les tribunaux, le 16 mars dernier.
Un service mis à la disposition de toute la famille judiciaire et l’ensemble des justiciables, y compris dans les centres de détention, afin de leur permettre de s’enquérir de leurs dossiers.
Le comportement problématique de la présidence de la République
Pendant ce temps, le président de la République, Kaïs Saïed, effectuait hier soir lundi une visite au domicile du martyr de la révolution de 2011, Tarek Dziri, là où réside la famille de ce dernier dans la délégation d’El Fahs relevant du gouvernorat de Zaghouan.
Affichée en photo et en vidéo sur la page officielle de la présidence de la République, la visite visait à « s’enquérir de la situation de la famille du défunt et de son fils ». Problème, le président de la République semble, une fois de plus, totalement ignorer les mesures les plus élémentaires de l’exécutif lui-même s’agissant des mesures accompagnant le déconfinement graduel.
Pendant de longues minutes, le président va tenir un enfant, le prendre sur ses genoux, converser avec lui, sans masque, à quelques centimètres seulement de son visage, mettant en danger sa propre santé de sexagénaire ainsi que celle de l’enfant, assis à proximité d’autres adultes dans une petite pièce. Avant de partir, on peut aussi voir le chef de l’Etat tenir un discours au milieu d’une foule compacte venue l’accueillir.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs commentaires s’indignent du contraste entre la fermeté du pouvoir tunisien qui vient d’interdire les baignades sur les plages jusqu’à nouvel ordre cet été, et ces images de totale décontraction, ou maladresse, rappelant le monde d’avant virus.
Si sa sincérité n’est pas remise en cause, ce n’est pas la première fois que le président de la République Kais Saïed fait preuve d’une certaine impulsivité dans le dossier des martyrs et blessés de la révolution, un dossier qu’il gère visiblement avec beaucoup d’émotivité née d’une idéalisation voire d’une sacralisation des évènements de la révolution d’il y a 10 ans, ce qui lui vaut régulièrement d’être taxé de populisme.
En février dernier, le président congédiait en effet son plus proche conseiller, Abderraouf Bettbaieb, notamment sur fond de négligence du dossier médical du même martyr de la révolution, qui se trouvait en situation de détresse, mais duquel il n’aurait pas été informé par le conseiller en question.