Franc CFA : La France entérine la fin du franc CFA
La France s’apprête à mettre fin officiellement au franc CFA, qui devrait dorénavant s’appeler l’éco. Mais, elle ne renonce pour autant à son engagement financier en Afrique, à un moment où le monde entier devrait entrer en récession en raison de la pandémie du nouveau coronavirus.
« Le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone », a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Les engagements sont tenus et nous sommes au rendez-vous », a-t-il affirmé lors d’une audition, mercredi après-midi, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
« Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », a affirmé la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Un projet mis sur les rails dès décembre 2019 lors d’une annonce conjointe du président ivoirien Alassane Ouattara et de son homologue français Emmanuel Macron.
Mercredi 20 mai, le conseil des ministres a en effet approuvé un projet de loi qui donne le feu vert à la transformation du franc CFA. Ou plus précisément du franc CFA d’Afrique de l’Ouest, qui est utilisé par huit pays. Un autre franc CFA perdurera encore dans six pays d’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), qui forment une zone monétaire distincte.
Le projet de loi apporte ainsi la ratification en droit français de la transformation de cette monnaie, souvent dénoncée par ses opposants comme « colonialiste » et dont le président français a reconnu qu’elle était « perçue comme l’un des vestiges de la Françafrique ».
>>Lire aussi : La fin du franc CFA
Principaux changements
Grâce à cet accord, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français, obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du franc CFA.
Autre différence importante : Paris se retire des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente. Jusqu’à présent, le ministre français des Finances et le gouverneur de la Banque de France participaient aux deux réunions annuelles, dont l’une se déroulait à Paris.
La France continuera toutefois de jouer son rôle de garant pour cette monnaie grâce aux poids économiques relatifs. Le PIB cumulé des pays de la CEDAO représente en effet mois du tiers PIB français. La nouvelle monnaie maintiendra également une parité fixe avec l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA).
Il ne s’agit donc pas encore d’un désarrimage de l’euro et d’une autonomie en matière de politique monétaire pour les pays concernés. Ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour.
La réforme du franc CFA a été négociée tout au long du second semestre 2019 entre la France et les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
Concernant la nouvelle devise, il reste à savoir si elle s’étendra par la suite à l’ensemble des quinze pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Avant l’annonce de la fin du franc CFA, ces États s’étaient mis d’accord pour lancer une monnaie commune cette année, qui se serait appelée également éco.