Accord d’association Algérie-UE : les négociations vont bon

L’Algérie et l’Union européenne ont décidé de créer un “comité de dialogue politique” entre les deux parties, a annoncé lundi à Alger le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci. C’était à l’occasion de la visite à Alger du Commissaire européen à l’Elargissement Stefan Füle, arrivé tard dimanche accompagné par de hauts responsables en charge des dossiers portant sur les relations avec le Maghreb. M.Füle a d’abord rencontré Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères puis Mustapha Benbada ministre du Commerce.

« Nous avons pris officiellement la décision de créer ce comité », a déclaré M. Medelci lors d’une conférence de presse organisée hier conjointement avec le commissaire. « Ce comité, a précisé le ministre, va revêtir un caractère officiel pour offrir un cadre de consultations permanentes entre l’Algérie et l’UE sur des questions politiques, sécuritaires et celles relatives aux droits de l’Homme».

Les autorités algériennes ont annoncé lundi que le démantèlement tarifaire, dans le cadre de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne fera l’objet d’un quatrième round de négociations et ce, le 21 juin.
Au total, cet accord de partenariat contient huit titres : dialogue politique, libre circulation des marchandises, droit d’établissement et prestations de services, circulation des capitaux, coopération économique, sociale, culturelle et éducative, coopération financière et autres dispositions institutionnelles.

Pour remonter un peu le cours de l’histoire, l’Algérie, après avoir été réticente sur la politique de voisinage initiée par l’UE, estimant qu’elle concernait davantage les anciens pays de l’Est que ceux du Sud de la Méditerranée, a fini par se joindre au reste des pays de la région.

Ainsi, le chef de la diplomatie paraissait optimiste sur une prochaine issue des négociations concernant ce dossier épineux que la partie algérienne voulait réviser en raison d’un déséquilibre dans les échanges commerciaux hors hydrocarbures jugé à l’avantage de la partie européenne. Il a évoqué des mesures d’accompagnement pour les efforts des filières industrielle et agricole en vue de « les développer et les moderniser ». « L’Algérie et l’Union européenne vont travailler ensemble pour consolider leur coopération », a-t-il dit, évoquant les quatre volets des négociations économique, politique, ethnique et humain.

Il faudra ajouter que dans le secteur industriel et suite à cette politique de réciprocité proposée par l’UE, les chefs d’entreprises algériens se considèrent comme non outillés pour faire face à la compétition industrielle européenne. Le domaine agricole n’est pas mieux loti, puisque on estime que peu d’effort ont été consenti par l’UE. Un rééquilibre des relations et de la politique de voisinage est vivement espéré par les acteurs politiques et économiques algériens. Dans cet ordre, l’Algérie fera des propositions pour réévaluer le planning du démantèlement en vue de corriger les déséquilibres existants.

M. Füle, a pour sa pat évoqué des discussions « très intensives mais en même temps très productives bien qu’il reste quelques questions à discuter ». Pour ce diplomate, se rencontrer à mi-chemin est un compromis mutuel acceptable. Le Commissaire a fait état de plusieurs propositions concrètes concernant le partenariat algéro-européen soumises à la partie algérienne.

La partie européenne reconnaît pour sa part, que l’Algérie est un acteur majeur pour l’UE et qu’il était nécessaire de renforcer les relations entre les deux parties. L’Union européenne est un partenaire avec lequel l’Algérie réalise près des deux tiers de ses échanges commerciaux, à l’importation comme à l’exportation. Il est bon à savoir en outre que les importations de l’Algérie en provenance de l’UE sont passées de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,6 milliards en 2010, avait indiqué la semaine dernière le ministre du Commerce algérien M. Benbada.

Mishka Gharbi