Contestation au lendemain des élections du CFCM
3 631 délégués inscrits représentants 700 mosquées et lieux de cultes musulmans étaient appelés à voter ce dimanche 5 juin pour élire le nouveau président du CFCM. 3176 ont répondu présents, soit un taux de participation de 87,35 %.
«Dans le respect de ses statuts et de son règlement électoral (…) le CFCM (conseil français du culte musulman) a procédé ce dimanche 5 juin 2011 au renouvellement de ses instances aux niveaux national et régional», indique le communiqué de Mohammed Moussaoui, président du CFCM et membre du Rassemblement des musulmans de France (RMF). Pourtant, ces élections ont fait l’appel d’un boycott sans précédent depuis la création de l’instance de la part de certaines fédérations musulmanes. Deux d’entre elles, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, et la Grande mosquée de Paris (GMP), proche du gouvernement algérien, ont ainsi appelé à ne pas participer à ce scrutin qu’elles jugent absurdes car non représentatif de l’ensemble des musulmans de France et des mosquées.
Le nombre de conseillers régionaux dépend de la surface des mosquées et non du nombre de fidèles. Ainsi, une mosquée de 100 m² ouvre droit à un délégué régional qu’elle soit fréquentée ou non. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF) a donc remporté ces élections avec 30 administrateurs régionaux élus sur 41. Mais ce n’est que le 19 juin que l’on connaîtra le nom du nouveau président du CFCM pour un mandat couvrant la période de 2011 à 2014.
La tension monte
Imaginé en 1999 par Jean-Pierre Chevènement alors ministre de l’intérieur, puis créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, au même poste, le CFCM est une association visant une meilleure représentativité des musulmans en France et dont le conseil d’administration est élu pour trois ans. Le CFCM a la possibilité d’intervenir dans des domaines variés : viande halal, construction de mosquées, formation d’imams, relation avec le pouvoir politique…. C’est aussi lui qui édicte les dates des fêtes religieuses dans l’Hexagone.
Très rapidement, la représentativité des musulmans vivant en France est contestée. On lui reproche d’être une instance politique et non religieuse. On parle de lutte d’influence entre Algériens et Marocains pour le contrôle de l’islam en France. De 2003 à 2008, la présidence a ainsi été détenue par Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, tandis qu’à partir de 2008, celle-ci a été assurée par Mohammed Moussaoui du RMF.
Pour Fouad Allaoui, vice-président du CFCM et président démissionnaire de l’UOIF «pour cause de divergence» (le 5 juin 2011), cette élection «organise la diversité ethnique mais pas le culte musulman». Dalil Boubakeur s’est lui aussi opposé à cette nouvelle élection en mettant en cause la question de la représentativité. «Il suffirait d’acheter un terrain de 1000 m² en Lozère pour avoir plus de délégués que dans 20 m² en plein centre de Paris». Le trésorier du CFCM a, lui, regretté qu’il s’agisse d’une «confrontation algéro-marocaine» dont «le plus grand perdant» serait «l’islam de France (…) Il n’y aura pas la mosquée de Paris, pas la mosquée de Lyon…, ce ne sera pas un conseil représentatif».
Mais pour Mohammed Moussaoui, actuel président du CFCM et candidat à sa propre succession, «cette instance, comme toutes les structures en phase de construction, nécessitera encore du temps pour permettre à chaque composante de s’y retrouver».
Gypsy Allard