Tarterêts : enquête sur l’origine du projectile

Les jours de Daranca, la fillette de neuf ans touchée à la tête par un projectile non identifié, ne sont plus en danger.

Dimanche 5 juin, Daranca accompagnée de sa mère et trois autres enfants se trouvent dans un parc à proximité de l’immeuble où elle vit lorsque des affrontements opposent fauteurs de trouble et policiers dans le quartier des Tarterêts (Corbeil-Essonnes). Le petit groupe cherche alors à regagner son appartement mais la petite fille tombe à terre. «On courait pour traverser la route lorsque ma fille s’est écroulé à côté de moi», a déclaré sa mère.

Pierre ou balle ?

Daranca est transportée à l’hôpital Necker à Paris pour y recevoir les soins nécessaires. L’établissement fait le bilan médical fait état d’un «projectile pénétrant à forte cinétique» avec une plaie «circulaire de cinq centimètres de diamètre». Le père, pour sa part, soupçonne une balle de flash-ball émanant des policiers et compte déposer plainte contre X. «En l’état actuel des informations dont dispose la DGPN (direction générale de la police nationale), aucun lien ne peut être établi entre les blessures de la fillette et un tir policier», conteste Pascal Garibian, porte-parole de la DGPN. «Les parents mettent en cause la police, la police n’a qu’une position, des enquêtes sont en cours, les enquêtes seront faites en toute transparence et la vérité sera connue, mais à ce stade rien ne permet de dire quel est le projectile qui a touché la petite fille», a, quant à lui, déclaré Claude Guéant, ministre de l’intérieur.

Une enquête est donc en cours. Le parquet d’Évry a saisi la Sûreté départementale de l’Essone et l’IGPN (inspection générale de la police nationale) afin de déterminer l’origine des blessures de Daranca. Mais, selon la police aucun agent n’était équipé de flash-ball au moment des violences de dimanche soir. En revanche, les policiers disposaient de balles de défense de type 40/46 (proches des flash-balls), de lanceurs Cougar servant à projeter des gaz lacrymogènes et des Bliniz (balles à létalité atténuée). Pour l’avocat de la famille de la fillette, «il n’y a pas l’ombre d’une hésitation possible : elle a été touchée par un tir policier». Toutefois, ce sera aux experts de l’IGPN de déterminer l’origine du projectile ayant plongé Daranca dans le coma. Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale a expliqué que «tous les policiers qui sont intervenus lors de ces incidents ont été entendus (…) et aucun ne pense avoir atteint la fillette» en précisant qu’il ne faut «rien exclure, notamment un tir accidentel».

Mise en cause de la municipalité

Manuel Valls, le député-maire d’Évry, a immédiatement mis en cause la mairie de Corbeil-Essonnes en la qualifiant de «système mafieux». «J’ai déjà dit combien une forme de complicité avec des individus connus des services de la police de la part de la municipalité de Corbeil avait donné à certains un sentiment d’impunité». Jean-Pierre Bechter, maire de Corbeil-Essonnes, a fait savoir qu’il allait porter plainte pour injures et diffamation.